DIAMOND SELECT UNIVERSAL MONSTERS
INTRODUCTION UNIVERSAL MONSTERS DST GAMME 7’’ (2010-2015)
Fondée en 1912 sur la côte est, la firme Universal entre dans l’histoire américaine en créant le premier studio de cinéma. En dépit de nombreux changements de propriétaire, celui-ci est toujours en activité aujourd’hui. En 1915, l’entreprise s’installe en Californie. Elle acquiert un immense terrain situé sur la commune d’Hollywood. Au cours de cette période d’effervescence artistique, la société est dirigée par Carl Laemmle, un immigré d’origine allemande. Ce pionnier exploitait dès 1906 un réseau de salles de spectacle appelées « Nickelodeon ». L’homme devient rapidement le producteur le plus puissant du pays. Son règne dure près d’une décennie. En 1928, il confie les rennes de l’entreprise à son fils, Carl Jr, qui vient de fêter ses 21 ans. Au cours des années 30, la situation financière du studio se dégrade : à la crise économique s’ajoutent plusieurs échecs commerciaux et des budgets mal maîtrisés. En 1936, la famille Laemmle se voit contrainte de céder ses parts aux créanciers. Carl et son fils se retirent définitivement de l’industrie cinématographique…
Dans les années 20-30, Universal propose aux spectateurs une production variée : comédies, drames, westerns, films de guerre (A l’ouest rien de nouveau, le chef d’œuvre de 1930)… Aujourd’hui, la majorité de ces films est hélas tombée dans l’oubli. Sous l’impulsion de Carl Jr, le studio s’intéresse à un genre plus marginal : le fantastique. Et contre toute attente, ces oeuvres à l’époque sous-estimées sont passées à la postérité. Les artistes sous contrat, James Whale et Jack Pierce en tête, inventent une galerie de personnages dont l’image va marquer plusieurs générations. Le nom d’Universal demeure définitivement associé à ces créatures : Le bossu de notre-dame (1923) et Le fantome de l’opéra (1925) au temps du muet ; Dracula (1931), le premier film d’horreur parlant ; puis Frankensein (1931), The mummy (1932), The invisible man (1933), The bride of Frankenstein (1935) et The werewolf of London (1936).
Après le départ des Laemmle, les films de monstres se multiplient avec notamment Son of Frankenstein (1939) ou The wolfman (1941). Mais la qualité décline. Au cours des années 40, les suites s’enchaînent sans moyens ni imagination, jusqu’à la parodie.
Dans les années 50, Universal renoue avec le thème du fantastique. Le studio produit notamment Tarantula, la sublime trilogie de La créature du lac noir, ainsi que des films d’extra-terrestre, nouveau sujet en vogue, comme This island earth.
Au cours de la décennie suivante, les monstres créés par Universal disparaissent peu à peu des écrans de cinéma. Aux Etats-Unis, ils gagnent cependant en popularité grâce à la diffusion des long métrages à la télévision, inspirant les premières créations du marché alors balbutiant des produits dérivés, d’abord sous forme de maquettes, puis de figurines. Entre 1974 et la fin des années 90, plusieurs marques exploitent la licence, parmi lesquelles on peut citer Lincoln, Mego, Remco ou même Hasbro. S’ils ont le mérite d’exister, ces produits sont pour la plupart décevants. Ils présentent une ressemblance lointaine avec leurs illustres modèles, la faute à des sculptures de qualité médiocre ainsi qu’à l’indisponibilité ou au blocage de certains droits, notamment la reproduction des visages (Karloff, Lugosi, Chaney père et fils...).
Les obstacles juridiques sont finalement levés à la fin des années 90, une période qui n’est pas si lointaine. De façon pragmatique, les accords entre studios, ayants-droits et fabricants coïncident avec le développement inattendu du secteur des produits dérivés pour adultes. Entre 1999 et 2005, l’entreprise américaine Sideshow est la première à couvrir de manière quasi-exhaustive la licence Universal (voir voir ici et ici), offrant aux collectionneurs des représentations d’un réalisme inédit, qu’il s’agisse des visages, des costumes ou bien encore des accessoires.
Suite à cette phase d’essor commercial, le merchandising autour des monstres marque logiquement le pas. Il faut attendre 2010 pour assister à une reprise du marché sous l’impulsion de Diamond Select Toys (DST). Fondée en 1999 par Diamond Comic Distributors, cette société est spécialisée dans la création de produits dérivés. Elle dispose actuellement d’un vaste catalogue de licences incluant notamment Nightmare before Christmas, The lord of the rings, Marvel, Star wars...
Pour Universal monsters, DST développe entre-autres un large assortiment de figurines articulées. De par leur taille (environ 7’’), ces jouets s’affirment comme les héritiers directs de la gamme 8’’ diffusée par Sideshow de 1999 à 2001 (voir ici). Le choix de ce format s’avère extrêmement judicieux. En effet, après neuf ans d’absence, le marché semble prêt à accueillir une nouvelle génération de jouets au design amélioré, notamment grâce aux progrès des outils digitaux. Outre certains incontournables (Frankenstein, The mummy…), le fabricant propose courageusement deux personnages obscurs restés jusque-là inédits : le Docteur Jeckyll et son double maléfique Mister Hyde (versions Abbott et Costello). Chaque figurine est disponible en plusieurs finitions : couleur, noir et blanc, avec plus ou moins d’accessoires… Cette méthode permet d’amortir les coûts de production tout en suscitant l’intérêt des collectionneurs complétistes. Seule ombre au tableau, DST ne parvient pas à obtenir les droits pour la reproduction des traits de l’acteur Bela Lugosi (Dracula).
Vous trouverez dans le tableau ci-dessous la liste complète des figurines 7’’ produites entre 2010 et 2015. Attention, le fabricant a créé de toutes pièces certaines références (Dracula, Van Helsing…) afin d’étoffer artificiellement son catalogue. N’ayant aucun rapport avec les films Universal, ces jouets ne sont pas inclus dans notre listing.
Personnage | Série | Date de sortie | Film | Commentaire |
Creature from the black lagoon | 1 | 2010 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
The mummy | 1 | 2010 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
The wolfman | 1 | 2010 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
Creature from the black lagoon | 1 | 2010 | Idem | Avec base et figurine de Julie Adams |
The mummy | 1 | 2010 | Idem | Avec base et sarcophage |
The wolfman | 1 | 2010 | Idem | N&B/ Entertainment Earth exclusive |
Frankenstein's monster | 2 | 2011 | Frankenstein | Toys'r us exclusive avec base simple |
The bride of Frankenstein | 2 | 2011 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
Frankenstein's monster | 2 | 2011 | Frankenstein | Avec base et table de laboratoire |
Metaluna mutant | 3 | 2012 | This island earth | Toys'r us exclusive avec base simple |
The invisible man | 3 | 2012 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
The phantom of the opera | 3 | 2012 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
Metaluna mutant | 3 | 2012 | This island earth | Avec éléments de décor |
The phantom of the opera | 3 | 2012 | Idem | Avec accessoires plus nombreux |
Mole man | 4 | 2013 | The mole people | Toys'r us exclusive |
Mr Hyde | 4 | 2013 | Abbot and Costello meet Dr Jeckyll | Toys'r us exclusive |
The hunchback of Notre Dame | 4 | 2013 | Idem | Toys'r us exclusive/ avec accessoires |
Creature from the black lagoon | 4 | 2013 | Idem | Avec la tête de Mr Hyde et accessoires différents |
The hunchback of Notre Dame |
4 |
2013 | Idem | Avec accessoires et éléments de décor |
Creature from the black lagoon | 5 | 2014 | Revenge of the creature | Toys'r us exclusive avec base simple/ nouvelle sculpture du visage inspirée de Revenge of the creature |
The monster | 5 | 2014 | Son of Frankenstein | Toys'r us exclusive avec base simple |
Creature from the black lagoon | 5 | 2014 | Revenge of the creature | Avec base plus élaborée |
The monster | 5 | 2014 | Son of Frankenstein | Toys'r us exclusive avec base simple |
The wolfman | 6 | 2015 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
The mummy | 6 | 2015 | Idem | Toys'r us exclusive avec base simple |
The wolfman | 6 | 2015 | Idem | Avec éléments de décor |
The mummy | 6 | 2015 | Idem | Avec statue |
Creature, Mummy, Wolfman | 1 | 2011 | - | Legacy series : pack de 3 figurines en version N&B |
Frankenstein's monter, Dracula (invention), The bride | 2 | 2012 | - | Legacy series : pack de 3 figurines en version N&B |
Metaluna mutant, Phantom of the opera, Invisible man | 3 | 2013 | - | Legacy series : pack de 3 figurines en version N&B |
Mole man, Mr Hyde, Quasimodo | 4 | 2014 | - | Legacy series : pack de 3 figurines en version N&B |
Cette série de monstres Universal est globalement très réussie et parvient à faire oublier la précédente ligne de produits conçue par Sideshow. A ma grande surprise, ces jouets conservent aujourd’hui une excellente côte alors que les ventes semblaient à l’époque relativement poussives. Pour information, DST a également commercialisé des figurines de type « Mego » (vêtements en tissus) particulièrement laides, ainsi que d’inutiles bustes en plastique faisant office de tirelire. Vous trouverez ci-dessous à titre d’exemple la photo du buste de la Créature du lac noir (version en noir et blanc) :
Cet article sera mis à jour à chaque nouvelle entrée.
FIGURINES UNITAIRES UNIVERSAL MONSTERS DST 7’’ (2010-2015)
SERIE 4 (2013)
MR. HYDE (version standard – Toys’r us exclusive)
Auteur de nouvelles et de romans, dont le fameux L’île au trésor, Robert Louis Stevenson publie en 1886 The strange case of Dr Jekyll and Mr Hyde. Il brosse le portrait d’un savant livré à ses plus bas instincts sous l’effet d’une mystérieuse potion. Si l’ouvrage est adapté au cinéma dès 1908, il faut attendre 1920 pour voir apparaître aux Etats-Unis un premier long métrage : Dr Jeckyll and Mr Hyde. John Barrymore incarne le héros et son alter ego maléfique.
Au cours des décennies suivantes, le personnage continue d’inspirer Hollywood. En 1931, la version du réalisateur Rouben Mamoulian marque les esprits avec un audacieux prologue en caméra subjective, ce qui constitue à l’époque un tour de force technique. Quant à Frederic March, il reçoit l’Oscar du meilleur acteur pour son interprétation. Dix ans plus tard, Victor Fleming (Gone with the wind) signe une luxueuse adaptation avec Spencer Tracy, l’un des plus grands comédiens du XXème siècle. Sans maquillage sophistiqué, ce dernier livre une performance tétanisante face à Ingrid Bergman et Lana Turner, elles-mêmes castées dans des contre-emplois, allusion ironique à la dualité du personnage principal. Ainsi, Ingrid Bergman, habituée aux rôles d’héroïne vertueuse, joue une prostituée. Quant à Lana Turner, archétype de la femme fatale manipulatrice, elle devient la douce fiancé du docteur.
A ces deux titres, il convient d’ajouter The two faces of Dr Jeckyll, une production britannique du studio Hammer. Sortie en 1960, cette œuvre puissante de Terence Fisher établit un parallèle entre les vices du médecin et ceux d’une société amorale.
Parmi les adaptations contemporaines, seule Mary Reilly (1995) se hisse à la hauteur de ses prédécesseurs. Sous l’impulsion de Stephen Frears, le meilleur cinéaste anglais de ces trente dernières années, l’histoire adopte le point de vue d’une domestique effacée (Julia Roberts) au service du docteur (John Malkovitch). D’une noirceur abyssale, le film se révèle un échec commercial cuisant. Il déconcerte le public par des choix à contre-courant : décors de studio nimbés d’un brouillard permanent, absence de « monstre », violence hors champ…
A côté de ces projets dits « sérieux », on trouve de nombreuses versions fantaisistes dont la plus fascinante reste Dr Jeckyll and Sister Hyde, une autre production Hammer de 1973 réalisée par Roy Ward Baker. Le scénario de Brian Clemens explore de manière maladroite mais pionnière le thème des troubles de l’identité sexuelle, tout en convoquant des figures classiques de l’horreur gothique telles que Jack l’éventreur, ainsi que les pilleurs de tombes Burke et Hare !... La réussite de ce long métrage iconoclaste repose également sur le jeu époustouflant du duo Martine Beswick/Ralph Bates, chacun incarnant une facette du personnage.
Quant à Universal, il n’a jamais produit de film d’horreur basé sur le roman de Stevenson. Dans ces conditions, pourquoi inclure une figurine de Hyde dans cette collection ? Le fabricant aurait-il commis une erreur ? Non, bien au contraire. Le jouet conçu par Diamond Select s’inspire d’une comédie de 1954 avec Abbott et Costello, deux comiques aujourd’hui tombés dans l’oubli. Ce choix malin permet d’étoffer la gamme à moindre frais, les droits du film étant sans doute parmi les plus abordable du catalogue Universal.
Pour information, Bud Abbott et Lou Costello forment un célèbre duo durant les années 40-50, travaillant pour la télévision, la radio et le cinéma. Ils associent leurs noms aux monstres Universal dans une série de parodies à succès : Abbott and Costello Meet Frankenstein (1948), Abbott and Costello Meet the Killer, Boris Karloff (1949), Abbott and Costello Meet the Invisible Man (1951) et Abbott and Costello Meet the Mummy (1955).
En 1953, ils tournent Abbott and Costello Meet Dr. Jekyll and Mr. Hyde. Ils retrouvent Boris Karloff (voir ici) dans le rôle de l’infortuné docteur. Les deux héros interprètent des policiers américains impliqués dans une enquête criminelle à Londres. Sur le plateau, Karloff se contente d’apparaître sous les traits de Jeckyll, le monstre étant joué par Eddie Parker, un cascadeur grimé sous un épais maquillage (son nom n’est pas mentionné au générique). Je n’ai pas vu ce film, mais les « Frankenstein » et « Momie » souffrent d’un comique particulièrement daté, peu adapté au public actuel.
A l’époque, le tournage s’effectue en noir et blanc, essentiellement pour des raisons de coût. Cependant, Diamond Select préfère « coloriser » son produit afin de le rendre plus attractifs auprès des nouvelles générations et augmenter les ventes, même si cette pratique peut heurter les puristes (dont je fais partie…). En se basant sur les photos de plateau, on peut estimer qu’il s’agit d’une reproduction plutôt fidèle de la créature vue à l’écran (visage, vêtements). La figurine bénéficie d’articulations nombreuses et bien dissimulées. Elle dispose également de deux accessoires : une cane et un chapeau. DST ajoute un morceau de toit faisant office de socle (avec parapet et cheminées).
Au final, ce Hyde jusqu’alors inédit s’avère inespéré compte tenu du caractère particulièrement confidentiel de l’oeuvre originale. Un an plus tard, le fabricant propose une version « noir et blanc » au sein d’un coffret (série 4). On peut penser qu’il n’y aura aucun autre produit dérivé issu de cette licence, d'où son intérêt, notamment pour les fans de Karloff. Maintenant, est-ce LA version que les collectionneurs attendent ? Certainement pas ! On préférerait des jouets basés sur les films cités en début d’article qui demeurent tous inexploités, à l’exception d’un mannequin 12’’ de Frederic March (voir ici).
L’emballage correspond à la version « standard » distribuée en exclusivité aux USA par la défunte chaîne de magasins Toys’r us. La carte, commune à toute la gamme, dispose d’un fond nocturne violet traversé d'éclairs. Un gros logo « Universal studios - home of the original monsters » rappelle la licence symbolisée par le visage de Frankenstein alias Boris Karloff. Un bandeau cartonné permet d’individualiser chaque référence avec un dessin et le nom du personnage.
Le blister présenté est scellé et en excellent état. On note quelques pliuressur le sommet de la carte.
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