my kingdom for a toy

A la fois parodie et hommage, Mars attacks rappelle logiquement certains classiques hollywoodiens de la science-fiction des années 50. De nombreux plans s'inspirent de Earth vs the flying saucers réalisé par Fred F. Sears en 1954. A l'époque, le thème de l'invasion extra-terrestre s'impose sur les écrans, cristallisant les craintes de l'Amérique après le canular radiophonique d'Orson Welles et l'affaire Roswell, mais également comme métaphore de la menace communiste.

Mars attacks est un échec cuisant. Il est terrassé au box-office par Independance day (ID4), autre film d'invasion extra-terrestre réalisé par Roland Emmerich. Les spectateurs n'apprécient guère la vision caustique de Tim Burton qui voit une bande de laissés pour compte sauver le pays à coups de chansons de Stuart Whitman. Ils préfèrent un spectacle plus "premier degré", à base d'héroïsme et de patriotisme exacerbés.

Coïncidence étonnante, en 1996, les licences d'exploitation des deux films sont achetées par la même société : Trendmasters. Pour Mars attacks, le fabricant élabore deux séries de figurines : l'une directement inspirée du film, l'autre basée sur le design des cartes Topps. Cette dernière gamme, sans rapport avec l'oeuvre de Tim Burton, se sera pas traitée ici.

Par la suite, l'univers de Mars attacks va peu à peu tomber dans l'oubli. Quelques fabricants tentent épisodiquement de relancer l'intérêt pour cette licence, mais sans grand succès (Hot Toys en 2009 et Gentle Giant en 2012).

Fondée en 1989, l'entreprise américaine Trendmasters tente de conquérir le marché des produits dérivés dans la décennie 90, une période qui demeure assez morne pour les collectionneurs. Elle développe ainsi plusieurs gammes de jouets basées sur des dessins animés ou des films, avec parfois des choix peu inspirés. Concernant le cinéma, on peut citer Battlefield earth, Mars attacks, Independance day, Lost in space (version cinéma 1998) et Godzilla (version 1998). La société fait l'objet d'une liquidation en 2002.

Vous trouverez ci-dessous la liste complète des produits Mars attacks (version Tim Burton) créés par Trendmasters en 1996, hors gamme "Topps". Pour information, les jouets dépourvus d'effets sonores sont plus rares que les autres.

Le dos des blisters présente la gamme complète des jouets Mars attacks, à l'exception du Supreme commander. Au bas de la carte, le fabricant met en avant trois disquettes (l'ancêtre des clés usb), chacune contenant un jeu vidéo (compatible windows 3.1 !...). Ces dernières étaient incluses dans les boîtes les plus chères, à savoir le pistolet martien, la soucoupe volante et le Supreme commander.

Sans surprise, l'échec du film entraîne celui des figurines. Paradoxe frustrant des années 90, les stocks d'invendus s'accumulent aux Etats-Unis tandis que les jouets restent introuvables en France. En l'absence de sources d'informations, beaucoup de collectionneurs ignorent l'existence de la gamme. Quand on repense à ces années-là, on a parfois du mal à croire que de telles absurdités aient pu se produire. Heureusement, avec le temps, ces articles bradés sont finalement parvenus jusqu'à nous. Aujourd'hui, la côte de ces objets demeure assez faible, même si elle a mécaniquement tendance à augmenter vu l'inflation qui touche le secteur.

ATTENTION ! D'importantes quantités de figurines souffrent d'un problème de détérioration du plastique. Malgré sa gravité, cette question n'a, à ma connaissance, jamais été abordée sur un quelconque site internet ou forum de collectionneurs. Tant que les blisters sont scellés, le phénomène reste indétectable, du moins pour l'instant. Il y a une dizaine d'années, j'avais acheté à bas prix deux personnages : Martian ambassador et Martian spy girl. J'avais ouvert les boîtes et exposé les jouets en vitrine. Afin de préparer cet article, j'ai sorti les figurines, voulant faire quelques photos. Le plastique était poisseux, ce qui n'est jamais bon signe. La présence d'une pellicule huileuse est synonyme d'un début de dégradation, les composés chimiques étant devenus instables. J'ai ensuite été témoin d'une scène aussi incroyable qu'effrayante. A peine avais-je bougé de quelques millimètres le bras de la Martian spy girl qu'une fêlure s'est produite au niveau du torse, autour de l'articulation de l'épaule (photo 1). J'ai remué l'autre bras, ce qui a provoqué une seconde déchirure, si bien que la figurine a fini par se retrouver "coupée en deux" (photo 2). Je ne parle pas ici d'une cassure nette et soudaine, généralement accompagnée d'un bruit, mais bien d'un délitement silencieux du plastique, comme s'il s'agissait d'une pâte à modeler friable.

Après cet incident  inquiétant, J'ai aussitôt manipuler les articulations du Martian ambassador. Le plastique s'est désagrégé au niveau du bassin, incapable de résister à une simple rotation des jambes (photo 3).

Le problème concerne donc a priori les torses des figurines, pas les membres ou la tête. La matière première utilisée est à l'évidence défectueuse, sans doute en raison d'une erreur de dosage dans les composants. Avec le temps, elle est devenue instable et cède à la moindre sollicitation. A mon avis, il s'agit d'un phénomène anormalement précoce et inexorable qui devrait s'étendre à moyen terme aux blisters neufs. A ce stade, j'ignore si cette malfaçon touche l'ensemble des quantités produites ou seulement certains batchs. En tout cas, il convient d'être vigilant lors d'un achat.

1) MARTIAN SPY GIRL (version avec effet sonore)

La Martian spy girl (l'espionne martienne) apparaît de loin comme la figurine la plus intéressante de l'assortiment. Elle est fidèle au personnage incarné par Lisa Marie, alors compagne de Tim Burton. On a pu croiser l'actrice dans Ed Wood (1995), Sleepy Hollow (1999) et Planet of the apes (2001). Dans le film, elle se distingue par son inimitable façon de marcher, comme si elle glissait sur le sol, séquence réalisée sans effets spéciaux.

La figurine est munie de cinq accessoires. Outre un sac à main, on trouve un pistolet vert (existe en rouge) et un "Freeze ray blaster", fusil inventé par le fabricant lançant deux projectiles. Quant aux deux derniers ajouts, ils sortent du lot, s'avérant pour une fois pertinents. Il s'agit d'une reproduction en taille réelle de la bague-espion utilisée par la Martienne, ainsi qu'un visage humain en plastique mou, révélant le crâne effrayant de l'extra-terrestre, un peu comme dans le film.

Un bouton discret, dissimulé dans les motifs de la robe, permet d'activer le système sonore. Chaque impulsion déclenche une phrase, la première en "langage martien", la seconde en anglais. Grâce à une ouverture pratiquée dans la bulle, on peut tester le procédé sans ouvrir le blister. Il s'agit évidemment d'un gadget destiné à plaire au jeune public. Hélas, il est impossible de retirer les piles qui s'oxydent avec le temps, endommageant le mécanisme.

L'exemplaire présenté est scellé et en excellent état.

Vous trouverez également ci-dessus quelques photos de la figurine en loose. Comme indiqué en introduction (supra), le pastique du jouet se décompose à la moindre manipulation. Sur la photo 5 ci-dessus, on distingue une fêlure autour de l'épaule droite : elle s'est formée alors que je relevais le bras. Par la suite, le torse s'est totalement désagrégé (supra).

2) MARTIAN TROOPER (version avec système sonore)

Les figurines des Martian trooper (soldat martien), ambassador et leader partagent de nombreuses pièces communes : têtes, scaphandres, torses, membres supérieurs et inférieurs. Cette méthode, régulièrement utilisée par les designers, permet de fabriquer plusieurs personnages à moindre coût. Le Martian trooper est dépourvu de cape, contrairement aux deux autres jouets mentionnés. Au niveau de la sculpture, Trendmasters s'inspire du "style" Mattel des années 80 (gamme Masters of the universe), soit des genoux fléchis et des bras légèrement repliés. Cette posture supposée "dynamique" s'avère peu naturelle. En outre, elle ne correspond pas à celle des Martiens. Poursuivant dans sa logique, le fabricant étoffe la silhouette fluette des soldats afin de les rendre plus menaçants.

La figurine est munie des accessoires suivants : un pistolet et un "firing proton ray blaster", soit une sorte de mitraillette futuriste lançant deux projectiles. Un petit bouton rouge, habilement dissimulé au centre du scaphandre, permet d'activer le système sonore. Chaque impulsion déclenche une phrase, la permière en langage "martien", la seconde en anglais. Grâce à une ouverture pratiquée dans la bulle, on peut tester le procédé sans ouvrir la boîte. Il s'agit évidemment d'un gadget destiné à plaire au jeune public. Hélas, il est impossible de retirer les piles qui s'oxydent avec le temps, endommageant le mécanisme.

Le blister présenté est scellé et en excellent état.

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