N2 TOYS THE MATRIX
FIGURINES 6" N2 TOYS THE MATRIX (1999-2001) MAJ en bleu au 13/09/23 avec Bullet-dodge Neo
En 1999, la bande-annonce du film The matrix fait sentation : au sommet d'un gratte-ciel, une femme vêtue de noir se jette dans le vide afin d'échapper à un mystérieux poursuivant. Après avoir accompli un bond vertigineux, elle atterrit sur le toit d'un autre immeuble. La combinaison de cascades et de trucages numériques innovants permet la création d'une séquence au réalisme troublant, suscitant l'enthousiasme du public.
The matrix est écrit et réalisé par Andy et Larry Wachowski, devenus soeurs depuis. Le duo s'était déjà fait remarquer en 1996 avec leur premier film, Bound, un thriller en quasi huis-clos particulièrement efficace.
Le cinéma hollywoodien des années 70 a vu fleurir de nombreuses théories du "complot", reflétant un scepticisme grandissant vis-à-vis des autorités. The matrix constitue l'aboutissement ultime de ce mouvement, devenu synonyme de défiance généralisée jusqu'à l'absurde, et repose sur une intrigue habile aux implications multiples et glaçantes. Le héros, interprété par un Keanu Reeves monolithique, va découvrir que le monde "réel" n'est qu'une apparence...
Soutenu par des effets spéciaux aussi impressionnants qu'inédits, le film étonne par la richesse de son scenario, une étape essentielle mais généralement négligée dans le cinéma américain contemporain. Il est ponctué de nombreuses scènes de combat chorégraphiées par un spécialiste honk-kongais, popularisant ce style auprès d'un large public. Porté par des critiques enthousiastes, The matrix devient rapidement un phénomène de société. Après avoir triomphé au box-office (460 millions de dollars de recettes mondiales), il remporte quatre oscars (meilleurs effets visuels notamment). Il donnera lieu à deux suites sorties en 2003 : The matrix reloaded et The matrix revolutions, plus diversement appréciées. Hélas, après Bound et la trilogie Matrix, les Wachowsky peinent à rebondir, même si certaines oeuvres ne manquent pas d'ambitions (Cloud atlas).
La mise en chantier de The matrix passe relativement inaperçue. La société N2 Toys se porte néanmoins acquéreuse de la licence pour produire des figurines. Son fondateur, Ron Hayes, un ancien responsable de chez Kenner/Hasbro, semble deviner le potentiel du projet. A la sortie du film, six figurines au format 6’’ sont disponibles, de même que 2 mannequins 12’’. Début 2000, N2 Toys étend son merchandising avec un deuxième assortiment de personnages 6’’ et 12’’, ainsi que plusieurs exclusives. Une série 3 est prévue. Des images des prototypes circulent. Malheureusement, la société fait faillite dès 2002 pour des raisons qui demeurent indéterminées.
Aujourd’hui, la gamme conçue par N2 Toys pour The Matrix semble bien oubliée à l’instar des films. La sortie du quatrième épisode (Matrix resurrections - 2021) s’est faite dans l’indifférence générale. La plupart des jouets se négocient au prix de vente de l’époque, voire moins. Les collectionneurs préfèrent les produits élaborés en 2003 par McFarlane pour The Matrix reloaded et revolutions. Pourtant, N2 Toys a réalisé un travail soigné, s’efforçant d’être fidèle au film à une époque où cette pratique est encore marginale. Certains packagings mettent en scène les figurines à la manière d’un diorama, un dispositif tout à fait précurseur.
SERIE 1 (1999)
La série 1 s'efforce de mettre en valeur les protagonistes avec lesquels le public est encore peu familier. Ainsi, la carte affiche des photos de Keanu Reeves, Carrie-Anne Moss, Laurence Fishburne et Joe Pantoliano. Au verso, chaque figurine est accompagnée d'une courte biographie. La charte graphique à dominante verte s'inspire de l'ambiance visuelle du film. Elle reproduit des suites verticales de lettres et de chiffres, référence explicite à la Matrice.
La gamme Matrix ne fut pas distribuée en France à l'époque, comme la plupart des jouets issus de licences (Alien resurrection, X-files, Planet of the apes, Starship troopers...). En l'absence d'internet, il fallait se tourner vers les boutiques spécialisées dans l'import pour se procurer ces références.
1) SWITCH
L'actrice Belinda McClory interprète Switch, soit littéralement "Interrupteur". Au dos du blister, le personnage est décrit comme " un membre fidèle de la résistance. Au tempérament vif mais dévouée avec un don pour les armes" (!). La jeune femme accompagne Morpheus et Trinity à la recherche de l'"élu".
De prime abord, le jouet ressemble davantage à un personnage de dessin animé qu'à une héroïne de film. Cette impression est due aux proportions curieuses du modèle : tête rétrécie, torse étroit, mains immenses... L'apparence de Switch reste toutefois facilement identifiable. La figurine est fournie avec deux pistolets et un fusil d'assaut gris.
L'exemplaire présenté est à l'état neuf. Au verso, on trouve un sticker "CE" d'importation en anglais. La bulle n'a pas jauni, ce qui est rare.
SERIE 2 (2000)
Pour la série 2, la charte graphique évolue de façon à obtenir un packaging plus épuré. Exit les visages de Laurence Fishburne, Carrie-Anne Moss et Joe Pantoliano ; seule la silhouette de Keanu Reeves subsiste dans la partie gauche de la carte. Le code couleur vert, directement inspiré de l'ambiance visuelle du film, est renforcé. Les suites de lettres et de chiffres, références à la Matrice, sont supprimées. Concernant le nom du personnage, le bandeau cartonné est remplacé par un sticker discret collé à l'extérieur de la bulle.
Au dos du blister, les figurines de la série 2 sont présentées sous forme de photos : Trinity version 2 (fly kick - position de combat), Sentinel, Mr Anderson et Tank. Détail curieux, la série 3 est annoncée dans l'angle inférieur gauche. Elle est censée se composer de Martial arts Neo and Morpheus (double pack), Real world Neo and Trinity (double pack), Dozer and Epoch (double pack) et Mouse with the lady in red (double pack). Mais ces jouets ne seront jamais fabriqués en raison de la faillite de N2 Toys.
1) SENTINEL
Les sentinelles sont des robots au service de la Matrice, armés de tentacules, traquant les humains dans le monde réel. Sorte de croisement entre une pieuvre et un insecte, le design de ces machines est particulièrement original. Hélas, la reproduction faite par N2 Toys s'avère trop sommaire, escamotant de nombreux détails. De plus, aucun socle n'est fourni, ce qui est dommage. En l'absence d'un tel accessoire, la figurine ne peut pas être placée en position de vol. Une fois déballée, elle gît donc lamentablement à plat.
Sur notre exemplaire, on trouve une étiquette de prix d'époque ("150 F"), soit 22,87 € (photo 1). Il s'agit d'un tarif assez élevé mais logique. En effet, ces jouets étaient uniquement distribués en import dans quelques boutiques parisiennes. La bulle a jauni avec le temps, ce qui est fréquent avec cette gamme. On note également un sticker d'importation anglais sur le côté de la bulle (Diamond comic distributors - photo 2), ainsi qu'un autocollant d'avertissement en français au dos de la carte (photo 3).
2) BULLET-DODGE NEO (2001)
Bullet-dodge Neo est la dernière référence produite par N2Toys pour la licence The matrix. Par commodité, j’ai rattaché ce blister à la série 2 bien qu’il n’en fasse pas partie. En effet, sa commercialisation intervient aux Etats-Unis quelques mois plus tard. Outre un tirage limité (5 000 exemplaires), la défunte enseigne Action figure Xpress assure la distribution exclusive sur le territoire américain. Une partie du stock parvient néanmoins en Europe via un importateur anglais (infra).
Bullet-dodge Neo est supposé faire la liaison avec la troisième vague de figurines prévue pour 2001, puis finalement annulée. Sur cet ultime produit, la charte graphique évolue : elle mise sur des photos issues du film, qui plus est en rapport direct avec le jouet.
Comme on peut le constater, N2Toys persiste dans sa volonté de « mettre en scène » le personnage à l’intérieur du packaging, une démarche inhabituelle pour l’époque qui préfigure le style dominant des années 2000 (chez McFarlane notamment). La figurine imite ainsi la position de Keanu Reeves dans la fameuse séquence dite du « bullet time », une expression attachée depuis à ce genre d’effets spéciaux (technique d’assemblage numérique de photos prises par une rangée d’appareils). A l’écran, Neo se jette en arrière pour éviter les balles tandis que la caméra tourne autour de lui au ralenti, une illusion obtenue grâce au procédé « bullet time ». Dans la bulle, le jouet est maintenu « en suspension » par une seconde coque en plastique translucide.
Le fabricant recycle ici la première version de Neo issue de la série 1. Il ajoute quelques effets de peinture inédits (des plaies aux jambes vues dans la scène). La sculpture de la cape est modifiée pour tenir compte de la position du personnage, un détail qui peut s’avérer gênant après déballage. N2Toys pousse le raffinement jusqu’à reproduire le sillage des balles à la surface de la bulle (photo 3) : cette dernière est traversée de petites encoches concaves en forme de « virgule » imitant la trajectoire des projectiles autour de Neo. Convenons que le résultat est efficace. Au final, le produit semble véritablement conçu pour être exposé tel quel, quitte à perdre de son attrait une fois ouvert.
Le blister présenté est scellé et en excellent état. La bulle n’a subi aucun jaunissement, ce qui est rare. Le jouet a été acquis à l’époque dans une boutique parisienne spécialisée. Un sticker d’importation anglais est apposé au dos de la carte (Diamond comic distributors).
EXCLUSIVES (1999-2000)
La série 1 s'accompagne de nombreux blisters appelés "exclusives" en anglais. Il s'agit de variantes fabriquées en édition limitée et dont la distribution est réservée à certains points de vente. Sortis en même temps que la série 1, les packagings de ces versions exclusives possèdent une charte graphique identique.
1) TRINITY version avec trenchcoat ("exclusive Another universe")
La figurine de Trinity issue de la série 1 s'accompagne de deux variantes "exclusives" dites "trenchcoat" et "sans lunettes".
Trinity "trenchcoat" se distingue de la version de base au niveau des bras et du torse. Elle revêt le fameux imperméable noir, devenu à l'époque un accessoire de mode incontournable, tandis que la figurine de la série 1 porte un simple débardeur, les bras restant à nus.
Le jouet semble aujourd'hui un peu rudimentaire, tant au niveau des articulations que de la sculpture. Mais, pour un produit conçu en 1999, le résultat s'avère très convaincant avec une fidélité au film appréciable. A noter que les mains possèdent une taille disproportionnée. L'objectif est de pouvoir tenir les armes fournies, à savoir deux pistolets, un fusil automatique et un poignard. Ces accessoires se retrouvent également dans la version de base.
Concernant la distribution, cette figurine était uniquement disponible auprès d'"Another universe", un magasin américain de BD et comics. J'ignore si la boutique physique existe toujours. Le site internet demeure actif mais paraît davantage tourné vers l'information. Curieusement, le blister ne contient aucune mention permettant d'identifier son caractère limité et exclusif.
Début 2000, Trinity "trenchcoat" a fait l'objet d'une importation dans les boutiques européennes spécialisées. Sur notre exemplaire, on trouve une étiquette de prix d'époque (180 Francs), soit 27,44 € (photo 1). Il s'agit d'un tarif assez élévé mais logique étant donné la difficulté à se procurer cet article. La bulle n'a pas subi de jaunissement, ce qui est rare. On observe un sticker d'importation anglais sur le côté de la bulle (Diamond Cosmic Distributors - photo 4), ainsi qu'un autocollant d'avertissement en français au dos de la carte.
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