CORGI JAMES BOND
CORGI N°391 FORD MUSTANG sous boîte à fenêtre rouge et jaune (février 1972-circa 1973) variante 391 A
Jusqu’à la fin des années 50, les films d’espionnage sont essentiellement consacrés aux exploits des alliés durant la Seconde guerre mondiale. Les tensions croissantes entre le bloc soviétique et les Etats-Unis contribuent à donner un nouvel élan au genre avec des oeuvres dramatiques telles que The man between (Carol Reed - 1953), The mandchurian candidate (John Frankenheimer - 1962), The spy who came in from the cold (Martin Ritt – 1965), Torn curtain (Hitchcock – 1966), etc...
A côté de ces films réalistes, on assiste à l’émergence d’une tendance plus « légère » symbolisée par le personnage emblématique de James Bond, l’agent secret britannique. Ses aventures démarrent au cinéma en 1962 avec Dr No. Le succès est aussi fulgurant qu’inattendu. Le genre s’éloigne peu à peu des sujets sérieux pour devenir « cool », « sexy », divertissant et donc profitable. Les producteurs de contenu audiovisuel en mal d’argent s’engouffrent dans la brèche. Les films rivalisent de gadgets, adversaires « larger than life » et cascades improbables… Le public se passionne pour ces nouveaux héros qui repoussent la « menace » communiste et déjouent les complots d’organisations criminelles internationales. A force d’histoires rocambolesques, les longs métrages virent à la parodie, parfois de façon involontaire, de Our man Flint (Daniel Mann - 1966) à Deadlier than the male (Ralph Thomas - 1967), sans parler de séries Z très amusantes comme Five golden dragons ou The million eyes of Sumuru (1967).
Le fabricant de jouets britannique Mettoy crée en 1956 la célèbre marque de miniatures Corgi (voir ici). Pendant plusieurs années, il exploite les thèmes en vogue que sont les véhicules particuliers, utilitaires, militaires ou de secours. En 1965, il décide de s’intéresser aux licences audiovisuelles, un secteur tout à fait nouveau pour l’époque. Au mois de mars, il conçoit une réplique de la Volvo P1800 pilotée par The Saint dans la série télévisée éponyme. Le modèle s’arrache, bousculant les habitudes d’un marché assez codifié. Encouragé par ces bons résultats, Mettoy récidive en octobre de la même année avec l’Aston Martin de James Bond vue dans Goldfinger et Thunderball. Le jouet atteint des chiffres de vente phénoménaux. Le fabricant poursuit alors sa collaboration avec Eon productions (détenteur des droits) sur les films suivants : You only live twice (1967), On her majesty’s secret service (1969) et Diamonds are forever (1971). La « Bondmania » commence cependant à s’essouffler, d’autant que Sean Connery, lassé, abandonne le rôle. Il est remplacé par George Lazenby le temps d’On her majesty’s secret service, avant d’être rappelé pour Diamonds are forever. Ce film sera l’ultime Bond de la star, du moins officiellement. En effet, Sean Connery reprendra son personnage en 1984 dans Never say never again, un remake officieux de Thunderball.
A l’instar des films, les voitures impressionnent moins le public. Pour Diamonds are forever, Corgi commercialise deux véhicules dont une Ford Mustang (référence 391). Il s’agit du seul produit « James Bond » distribué sous packaging rouge et jaune, une charte graphique en vigueur depuis févier 1970 (voir ici). La production du jouet cesse dès l’année 1973, sans doute en raison d’un volume de vente insuffisant. Il faut dire que le modèle est dépourvu de gadgets, ce qui le rend moins attrayant.
Concernant la voiture, il existe deux variantes de jantes :
- pleines à 8 rayons crantés concaves (notre exemplaire - 391 A) ;
- creuses à 8 rayons crantés convexes (plus rare - 391 B).
Sur l’emballage, la référence du modèle est inscrite en petits caractères, une typographie en vigueur depuis fin 1971 (circa). Dans l’angle inférieur droit, un large sticker signale qu’il s’agit d’un véhicule sous licence James Bond, renvoyant au film Diamonds are forever (photo 3). Il n’existe aucune variante concernant cet emballage, si ce n’est parfois l’absence de sticker (erreur d’usine).
En octobre 1973, la Ford Mustang sera déclinée en version « rallye » sous la référence 329.
L’exemplaire présenté est en parfait état. Le jouet n’a jamais quitté son emballage. Il provient d’une collection exceptionnelle réunie par un amateur anonyme entre 1969 et le début des années 2000. Achetés neufs en boutique, les miniatures furent ensuite stockées dans des cartons pendant plusieurs décennies, d’où parfois quelques emballages compressés. Elles ont été finalement dispersées par l’intermédiaire d’un marchand. Sur un côté, l’étiquette d’époque mentionne un prix de francs : « 12,60 F », soit 1,92 € (photo 5) !
CORGI N°270 ASTON MARTIN JAMES BOND (février 1968-circa 1977)
INTRODUCTION
Jusqu’à la fin des années 50, les films d’espionnage sont essentiellement consacrés aux exploits des alliés durant la Seconde guerre mondiale. Les tensions croissantes entre le bloc soviétique et les Etats-Unis contribuent à donner un nouvel élan au genre avec des oeuvres dramatiques telles que The man between (Carol Reed - 1953), The mandchurian candidate (John Frankenheimer - 1962), The spy who came in from the cold (Martin Ritt – 1965), Torn curtain (Hitchcock – 1966)...
A côté de ces films réalistes, on assiste à l’émergence d’une tendance plus « légère » symbolisée par le personnage emblématique de James Bond, l’agent secret britannique. Ses aventures démarrent au cinéma en 1962 avec Dr No. Le succès est aussi fulgurant qu’inattendu. Le genre s’éloigne peu à peu des sujets sérieux pour devenir « cool », « sexy », divertissant et donc profitable. Les producteurs de contenu audiovisuel en mal d’argent s’engouffrent dans la brèche. Les films rivalisent de gadgets, adversaires « larger than life » et cascades improbables… Le public se passionne pour ces nouveaux héros qui repoussent la « menace » communiste et déjouent les complots d’organisations criminelles internationales. A force d’histoires rocambolesques, les longs métrages virent à la parodie, parfois de façon involontaire, de Our man Flint (Daniel Mann - 1966) à Deadlier than the male (Ralph Thomas - 1967), sans parler de séries Z très amusantes comme Five golden dragons ou The million eyes of Sumuru (1967).
Au cours des années 60, la « Bondmania » bat son plein. Après le triomphe du premier film, l’agent 007 devient un héros récurrent du grand écran. La production avance au rythme d’un tournage par an, une cadence qui paraît difficilement envisageable aujourd’hui. L’année 1965 marque la sortie du quatrième épisode (Thunderball signé Terence Young), 15 mois après le triomphe de Goldfinger réalisé par Guy Hamilton. La mode est aux agents secrets. Les fabricants de jouets s’adaptent, inondant le marché de produits estampillés « James Bond », parfois sans autorisation.
Avec ses lignes intemporelles et ses gadgets hallucinants, l’Aston Martin DB5 devient l’« extension » du héros, jusqu’à devenir un personnage à part entière dont on guette les apparitions, anticipant le phénomène de la Batmobile et autres véhicules iconiques.
Le fabricant de jouets britannique Mettoy Playcraft Limited crée en 1956 la célèbre marque de miniatures Corgi (voir la section consacrée à Corgi). Pendant plusieurs années, il exploite les thèmes en vogue que sont les véhicules particuliers, utilitaires, militaires ou de secours. En 1965, il décide de s’intéresser aux licences audiovisuelles, un secteur tout à fait nouveau pour l’époque. Au mois de mars, il conçoit une réplique de la Volvo P1800 pilotée par The Saint dans la série télévisée éponyme. Le modèle s’arrache, bousculant les habitudes d’un marché assez codifié. Encouragé par ces bons résultats, Mettoy récidive en octobre de la même année avec l’Aston Martin de James Bond. Diffusée sous la référence 261, cette première version au 1/43ème connaît un succès phénoménal. Elle est recouverte d’une peinture bronze-or, couleur qui diffère de l’engin vu à l’écran (gris évidemment). Nous aurons l’occasion d’y revenir dans un prochain article.
A partir des années 50, les miniatures automobiles sont généralement vendues dans des boîtes en carton plein. Il faut donc ouvrir l’emballage pour voir le jouet qui se cache à l’intérieur. Vers la fin des années 60, la plupart des marques renoncent au principe d’un carton opaque au profit d’une boîte à fenêtre transparente (window box). Grâce au rhodoïd, on peut enfin admirer le modèle convoité. Autre avantage, la fenêtre évite des manipulations inutiles, à l’heure de la disparition des petits magasins de quartier et de leurs employés affables.
Mettoy inaugure son premier conditionnement à fenêtre en septembre 1967 (Lincoln Continental Executive Limousine - référence 262) avant de généraliser le système à l’ensemble de sa gamme 1/43ème vers février-mars 1968 (plus de précisions ici). L’Aston Martin de James Bond bénéficie de ce nouveau de packaging, mais le fabricant ne s’arrête pas là. Il revoit le design du jouet, ainsi que la peinture. Outre une taille légèrement supérieure à version n°261, ce nouveau modèle bénéficie de deux fonctionnalités inédites : des plaques minéralogiques rotatives et des lames « déchire-pneux ». Avec les gadgets déjà inclus dans la miniature de 1965, le jouet se rapproche un peu plus du véhicule vu au cinéma. Dernier détail et non des moindres, Corgi abandonne la peinture bronze-or pour la fameuse livrée grise tant attendue.
Pour mettre en exergue ces modifications, l’Aston Martin DB5 James Bond se voit attribuée une nouvelle référence, à savoir le numéro 270. En parallèle, Mettoy développe une miniature à l’échelle 1/64ème sous la marque Husky, puis Corgi Juniors (voir ici).
La production de l’Aston Martin n°270 s’étend de février 1968 à 1977 (circa). Au fil des ans, elle génère de multiples variantes, tant au niveau du jouet que de l’emballage. Celles-ci sont présentées dans l’ordre chronologique de leur commercialisation.
1) CORGI N°270 ASTON MARTIN sous boîte à fenêtre jaune et bleue (circa mi-1969-circa mi-1973) variante 270 B
L’Aston Martin n°270 est commercialisée pour la première sous blister à ailettes, un format étrange et peu pratique (février 1968-circa mi-1969). Elle est ensuite rééditée sous boîte rectangulaire jaune et bleue. Ce deuxième conditionnement s’avère moins sophistiqué, d’où des coûts de production réduits. Pour les autres acteurs de la filière, il est en outre plus simple à transporter et à mettre en rayons.
On compte deux variantes de packaging successives. La première (270 A), diffusée de mi-1969 à mi-1970 (circa), ne mentionne pas la référence du jouet (« 270 ») sur la face avant (angle supérieur gauche). Sur la seconde (270 B), le nombre « 270 » est inscrit en gros caractères (notre exemplaire).
Ce changement s’explique. En effet, au même moment, Mettoy fait évoluer la charte graphique de ses emballages. En janvier 1970, il introduit un nouveau packaging jaune et rouge (voir ici). Les premiers modèles de cette gamme (dite également Whizzwheels) n’indiquent pas le numéro du véhicule à l’instar des boîtes bleues et jaunes. Celui-ci est ajouté dans un second temps, sans doute pour faciliter l’identification du jouet.
Par extension, la référence est également imprimée sur les anciens types de boîtes toujours en circulation comme notre Aston 270. On peut estimer que l’ajout du numéro (en gros caractères) intervient vers la fin de l’année 1970.
Outre l’absence de numéro, la variante 270 A porte au verso le copyright suivant : « Made in Great Britain Playcraft Toys Limited London ». Sur la variante 270 B, on trouve « Mettoy-Playcraft London England ».
Concernant le véhicule, la seule évolution notable porte sur la grille et les pares-chocs : ils étaient peints en gris sous blister à ailettes ; ils sont désormais de couleur or, une sorte de retour au modèle 260 (et un clin d’oeil à Goldfinger ?).
Dès 1965, l’Aston Martin de l’agent 007 est livrée avec une petite enveloppe scellée contenant divers accessoires. Sur le modèle 270, les éléments sont les suivants : notice, sticker de plaques d’immatriculation, badge et « méchant » éjectable. Un second « méchant » est placé à l’intérieur du véhicule. On l’aperçoit sur la photo 2. Son corps est peint en bleu.
Au dos de la boîte, on trouve une belle illustration de l’Aston Martin en « action » (photo 4). Le visage de James Bond est « flouté », Mettoy ne disposant pas des droits pour reproduire le visage de Sean Connery.
L’exemplaire présenté est en excellent état. La voiture n’a jamais quitté son emballage. L’enveloppe scellée est insérée sous le présentoir intérieur (photo 6). Malheureusement, ce dernier souffre d’un curieux défaut : la languette supérieure qui bloque la miniature est déchirée. Le morceau manquant ne figure pas dans la boîte alors qu’il s’agit d’un jouet neuf, conservé par un unique propriétaire. Peut-être s’agit-il d’une manipulation hasardeuse ou bien d’un défaut d’usine… Mystère. J’ai ajouté un petit bout de coton pour combler le manque et caler la miniature.
Le modèle provient d’une collection exceptionnelle réunie par un amateur anonyme entre 1969 et le début des années 2000. Achetés neufs en boutique, les miniatures furent ensuite stockées dans des cartons pendant plusieurs décennies, d’où parfois quelques emballages compressés (légère déformation du carton sur notre exemplaire). Elles ont été finalement dispersées par l’intermédiaire d’un marchand. Le prix d’époque est inscrit à la main au crayon (« 22 » - photo 1) : il s’agit de Francs vu la provenance du jouet (soit 3,35 € !).
Cet article sera mis à jour à chaque nouvelle entrée.