my kingdom for a toy

Jusqu'à la fin des années 50, les films d'espionnage sont essentiellement consacrés aux exploits des alliés durant la Seconde guerre mondiale. Les tensions croissantes entre le bloc sociétique et les Etats-Unis contribuent à donner un nouvel élan au genre avec des oeuvres dramatiques tels que The man between (Carol Reed - 1953), The mandchurian candidate (John Frankenheimer - 1962), The spy who came in from the cold (Martin Ritt - 1965), Torn curtain (Alfred Hitchcock - 1966)... A côté de ces films réalistes, on assiste à l'émergence d'une tendance plus "légère" symbolisée par le personnage emblématique de James Bond, l'agent secret britannique. Ses aventures démarrent au cinéma en 1962 avec Dr No. Le succès est aussi fulgurant qu'inattendu. Il culmine en 1964-1965 avec les sorties successives de Goldfinger et Thunderball.

James Bond fait de l'espionnage un thème à la mode. Le genre s'éloigne peu à peu des sujets sérieux pour devenir "cool", "sexy", divertissant et donc profitable. Les producteurs de contenu audiovisuel en mal d'argent s'engouffrent dans la brèche. Les films rivalisent de gadgets, adversaires "larger than life" et cascades improbables... Le public se passionne pour ces nouveaux héros qui repoussent la "menace communiste" et déjouent les complots d'organisations criminelles internationales. A force d'histoires rocambolesques, les long métrages virent à la parodie, parfois de façon involontaire, de Our man Flint (Daniel Mann - 1966) à Deadlier than the male (Ralph Thomas - 1967), sans parler de séries Z très amusantes comme Five golden dragons ou The million eyes of Sumuru (1967). La télévision anglo-saxonne succombe également à cet engouement pour l'espionnage avec des séries à succès comme Mission : impossible ou The man from Uncle (Des agents très spéciaux).

Sur le plan du style, The man from Uncle est probablement l'oeuvre qui se rapproche le plus de James Bond. Je n'ai pas revu ce programme depuis très longtemps. Si la série est disponible aux Etats-Unis, la France est comme d'habitude à la traîne. Seule la saison 1 a été commercialisée en dvd. On espère une intégrale au format blu-ray sur le modèle de Mission impossible. Mais c'est peu probable...

Diffusée entre 1964 et 1968 sur NBC, la série se compose de quatre saisons, soit 105 épisodes dont 29 en noir et blanc. Elle suit les aventures de deux espions, l'américain Napoleon Solo (Robert Vaughn) et le russe Illya Kuryakin (David McCallum). La carrière des deux acteurs est alors en pleine ascension. Robert Vaughn s'est fait connaître grâce à The young philadelphians (1959 - Vincent Sherman) et surtout Les 7 mercenaires (1960 - John Sturges). Quant au britannique David McCallum, il fait partie du prestigieux casting de The great escape (1963), toujours réalisé par Sturges. Malgré des profils que tout oppose, ces personnages travaillent au service d'"UNCLE" (United Network Command for Law and Enforcement), une agence secrète internationale en luttre contre THRUSH, une organisation criminelle cherchant à dominer le monde.

En 1966, le programme obtient le Golden globe de la meilleure série TV. Compte tenu de sa popularité, elle bénéficie de la participation de nombreuses "guest stars" allant des légendes hollywoodiennes aux jeunes comédiens en vogue : Jill Ireland (alors mariée à David McCallum), Jack Palance, Barry Sullivan, Ricardo Montalban, Anne Francis, George Sanders, Janet Leigh, Leslie Nielsen, Vera Miles, Curd Jurgens, John Carradine, Eleanor Parker, Senta Berger, Carroll O'Connor, William Shatner, Eddie Albert, Martin Balsam, Elsa Lanchester, Angela Lansbury, Patricia Medina, Sonny and Cher, Albert Dekker, Mickael Rennie, Cesar Romero, Barbara Shelley, Joan Collins, Martin Landau, Vincent Price, Joan Crawford, Joan Blondell, Hugh Marlowe... La liste donne le tournis !

A l'instar de James Bond, la série génère un merchandising important, notamment des figurines (Gilbert Toys), des véhicules (Corgi, Bichi), ainsi que divers gadgets et sets d'armes (Ideal).

1) ILLYA KURYAKIN 12''

Gilbert apparaît comme le premier fabricant à proposer des mannequins articulés à l'effigie des héros de cinéma (James Bond) ou de la télévision (Honey West, The man from Uncle). A cet égard, le mannequin d'Illya Kuryakin (David McCallum) marque, avec quelques autres, une étape majeure dans l'Histoire des produits dérivés. Il représente l'ancêtre des jouets 12'' tels que nous les connaissons aujoud'hui.

Notre figurine ayant près de 60 ans, il convient de se montrer indulgent. Compte tenu de son âge, elle ne doit pas être examinée à la lumière des standards actuels, sa conception étant manifestement obsolète. Ainsi, le corps en plastique possède des proportions curieuses, soit des épaules ramassées, un bassin étroit et une tête disproportionnée. Les articulations sont réduites au minimum (cou, épaules et cuisses). Quant aux mains, elles ne sont visiblement pas conçues pour tenir un objet. C'est d'autant plus absurde que parmi les accessoires se trouve un pistolet. Le fabricant se voit donc obligé d'inclure un "adaptateur" pour fixer l'arme dans la main (voir la notice en photo 7) !... Venons-en au point essentiel : le visage. La sculpture des cheveux, de même que la coupe, est satisfaisante. Par contre, les traits de l'acteur sont maladroitement reproduits, frisant la caricature (photo 2). La peinture des yeux est également médiocre. Même si le résultat est loin d'être parfait, il faut se réjouir cette création, d'autant qu'elle demeure à ce jour l'unique représentation de l'agent Kuryakin en jouet !

La figurine porte des vêtements noirs basiques : pantalon, pull et chaussures. Ces derniers s'inspirent directement de la photo choisie pour le couvercle.

A l'intérieur de la boîte, on trouve une enveloppe (fermée à l'origine par une agrafe - photo 4). Celle-ci contient trois accessoires en métal : un pistolet, un "adaptateur" pour maintenir l'arme en place et un dernier objet dont j'ignore la fonction (photo 5). Gilbert joint également deux petits documents sympathiques à destination des enfants : une carte de membre de l'organisation Uncle à personnaliser, ainsi qu'un insigne à insérer dans la poche (photo 6).

Une notice décrit le fonctionnement du jouet (photo 7). Le pistolet utilise des amorces (non fournies) pour simuler un coup de feu "réaliste". Le bras dispose d'un mécanisme de levier, braquant l'arme à la manière d'un tireur (non testé). L'usage de la troisième pièce métallique demeure inexpliqué.

La figurine est conditionnée dans un emballage étroit. Le fond se compose d'un carton brut, fin et de qualité moyenne. Un tampon à l'encre rouge indique : "This package FACTORY SEALED and inspected" ("Emballage scellé en usine et contrôlé") (photo 11). A l'origine, je pense que la boîte devait être scotchée. Les traces brunes laissées par la colle demeurent visibles sur la partie antérieure et les côtés (photos 9, 10 et 11). Je n'ai jamais vu d'exemplaire enveloppé sous cellophane à la manière des mannequins James Bond.

Plus rigide, le couvercle bénéficie d'une impression à fond bleu. Une photo en noir et blanc extraite de la série met en valeur David McCallum. L'acteur porte une tenue sombre, semblable à celle du jouet. Le titre du feuilleton figure au-dessus du personnage, de même que son nom. Sur les côtés, on trouve des illustrations d'écrans télévisés. Les plus anciens reconnaîtront la forme des postes 4/3 à tube des années 60 (on est loin des écrans plats d'aujourd'hui). Un bandeau publicitaire rouge rappelle aux enfants l'existence de divers accessoires et panoplies vendus séparément.

L'ensemble est complet et intact. La figurine et ses gadgets sont en très bon état. Par contre, la boîte apparaît relativement usée. On constate un sévère pliure sur le fond (photo 11), ainsi que des graffitis au stylo sur la couverture (lettres "R" et "C" de part et d'autres de la tête du héros - photo 8).

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