UNIVERSAL MONSTERS SIDESHOW 12'' (2000-2005) MAJ en bleu au 09/06/25 avec Mr Hyde
Fondé en 1912 sur la côte est, Universal entre dans l'histoire américaine en créant le premier studio de cinéma. En dépit de nombreux changements de propriétaire, celui-ci est toujours en activité aujourd'hui. En 1915, l'entreprise s'installe en Californie. Elle acquiert un immense terrain situé sur la commune d'Hollywood. Au cours de cette période d'effervescence artistique, la société est dirigée par Carl Laemmle, un immigré d'origine allemande. Ce pionnier exploitait dès 1906 un réseau de salles de spectacle appelées "Nickelodeon". L'homme devient rapidement le producteur le plus puissant du pays. Son règne dure près d'une décennie. En 1928, il confie les rennes de l'entreprise à son fils, Carl Jr, qui vient de fêter ses 21 ans. Au cours des années 30, la situation financière du studio se dégrade : à la crise économique s'ajoutent plusieurs échecs commerciaux et des budgets mal maitrisés. En 1936, la famille Laemmle se voit contrainte de céder ses parts aux créanciers. Carl et son fils se retirent définitivement de l'industrie cinématographique...
Dans les années 20-30, Universal propose aux spectateurs une production variée : comédies, drames, westerns, films de guerre (A l'ouest rien de nouveau, le chef d'oeuvre de 1930)... Aujourd'hui, la majorité de ces films est hélas tombée dans l'oubli. Sous l'impulsion de Carl Jr, le studio s'intéresse à un genre plus marginal : le fantastique. Et contre toute attente, ces oeuvres à l'époque sous-estimées vont passer à la postérité. Les artistes sous contrat, James Whale et Jack Pierce en tête, inventent une galerie de personnages dont l'image va marquer plusieurs générations. Le nom d'Universal demeure définitivement associé à ces créatures : Le bossu de Notre-Dame (1923) et Le fantôme de l'opéra (1925) au temps du muet ; Dracula (1931), le premier film d'horreur parlant ; puis Frankenstein (1931), The mummy (1932), The invisible man (1933), The bride of Frankenstein (1935) et Werewolf of London (1936).
Après le départ des Laemmle, les films de monstres se poursuivent avec notamment Son of Frankenstein (1939) et The wolfman (1941). Mais la qualité décline. Au cours des années 40, les suites s'enchaînent sans moyens ni imagination, jusqu'à la parodie.
Dans les années 50, Universal renoue avec le thème du fantastique. Le studio produit notamment Tarantula, la sublime trilogie de La créature du lac noir, ainsi que des films d'extra-terrestre, nouveau sujet en vogue, comme This island earth.
Créée en 1994, la société américaine Sideshow lance en 1999 une série de figurines à l'échelle 8'' consacrée aux monstres Universal (voir ici). Avant elle, d'autres acteurs du marché avaient exploité cette licence : Lincoln et Mego dès les années 70, puis Remco, Hasbro... Les jouets conçus étaient souvent médiocres, d'autant que certains fabricants ne disposaient pas des droits pour reproduire le visage des acteurs. Sideshow se démarque de la concurrence en proposant des créatures réalistes, fidèles à l'esprit des films. Ces produits illustrent la volonté de développer un marché à destination des consommateurs adultes, un mouvement né à l'époque et qui s'est répandu de manière irrésistible à la grande satisfaction des collectionneurs.
A côté des versions couleur, Sideshow commercialise des variantes en noir et blanc dites "silver screen edition". Il faut savoir que, pour des raisons de coût, les films Universal étaient essentiellement tournés en noir et blanc. Mais les fabricants avaient pris l'habitude de "coloriser" les jouets afin d'augmenter les ventes. En 1992, la marque de jouet Playco fut la première marque à commercialiser quatre monstres dans les tons de gris.
Face au succès, Sideshow développe rapidement une nouvelle gamme au format 12''. Fin 2000, les deux premières références sortent : il s'agit du monstre de Frankenstein (Boris Karloff - version 1931 - couleur) et Loup-garou (Lon Chaney - version 1941 - couleur). Au fil des ans, la série s'étoffe avec des personnages secondaires ou bien des films restés jusque-là inédits en raison de leur faible notoriété. Vous trouverez dans les tableaux ci-dessous la liste complète des figurines 12'' diffusées entre 2000 et 2005 (classement alphabétique). A noter que certains produits ne sont pas extraits du catalogue Universal. Ils sont signalés par un astérisque. Ces créatures ont été incluses par le fabricant en raison de leur extrémité temporelle ou thématique avec les films Universal, mais également en vue d'amortir les droits payés pour reproduire le visage de certains acteurs (Lon Chaney et Bela Lugosi).
Personnage | Date de sortie | Version | Film | Nombre d'exemplaires |
Ardath Bey | 2004 | Couleur | The mummy | 3000 |
Bela the gypsy | 2002 | Couleur | The wolfman | 2000 |
Bride of Frankenstein | 2002 | Couleur | idem | 5000 |
The creature from the black lagoon | 2003 | Couleur | idem | 5000 |
The creature from the black lagoon | 2004 | N&B | idem | 500 |
The creature walks among us | 2003 | Couleur | idem | 2000 |
Dracula | 2001 | Couleur | idem | 5000 |
Dracula | 2002 | N&B | idem | 3500 |
Holiday Dracula | 2001 |
Couleur/ Figurine en pyjama rouge éditée pour Noël 2001 |
Invention du fabricant | 350 |
Holiday Dracula | 2001 |
Couleur/ Edition signée par Bela Lugosi Jr, fils de l'acteur |
Invention du fabricant | 150 |
Frankenstein | 2000 | Couleur | idem | Non communiqué |
Frankenstein | 2002 | N&B | idem | 3500 |
Holiday Frankenstein | 2001 |
Couleur/ Figurine en pyjaman rouge éditée pour Noël 2001 |
Invention du fabricant | 400 |
Frankenstein/ The monster | 2002 | Couleur | Bride of Frankenstein | 5000 |
Frankenstein/ The monster | 2002 | Couleur | Son of Frankenstein | 5000 |
Frankenstein/ The monster | 2003 | N&B | Son of Frankenstein/ tirage ultra-limité dans le cadre d'un tirage au sort | 10 |
Frankenstein/ The monster | 2001 | Couleur | Ghost of Frankentein/ Le monstre est interprété par Lon Chaney Jr | 3500 |
Frankenstein/ The monster | 2001 | Couleur | Frankenstein meets the wolfman/ Le monstre est interprété par Bela Lugosi | 3500 |
Frankenstein/ The monster | 2001 | Couleur | House of Frankenstein/ Le monstre est interprété par Glenn Strange | 3500 |
Fritz | 2001 | Couleur | Frankenstein | 3500 |
The hunchback of Notre Dame | 2005 | Couleur | idem | 2000 |
The hunchback of Notre Dame | 2005 | N&B | idem | 500 |
The invisible man | 2005 | Couleur | idem | 2500 |
The invisible man | 2005 | N&B | idem | 750 |
Larry Talbot | 2001 | Couleur | The wolfman | 3500 |
London after midnight * | 2001 | Couleur | idem/ film considéré comme perdu | 5000 |
London after midnight * | 2002 | N&B | idem/ flm considéré comme perdu | 3500 |
Mask of the red death | 2002 | Couleur | The phantom of the opera (version 1925) | 3500 |
The Metaluna mutant | 2005 | Couleur | This island earth | 2000 |
The Metaluna mutant | 2005 | Couleur | This island earth/ version Sideshow exclusive avec mini vaisseau | 750 |
The Metaluna mutant | 2005 | Couleur | This island earth/ version japonaise exclusive avec mini vaisseau | 100 |
Mister Hyde * | 2004 | Couleur | Dr Jeckyl and Mr Hyde (version 1930) | 2000 |
The mole man | 2003 | Couleur | The mole people | 1500 |
The mummy | 2003 | Couleur | idem | 3000 |
Murder Legendre * | 2001 | Couleur | White zombie | 350 |
Phantom of the opera | 2001 | Couleur | idem (version 1925) | 3500 |
Phantom of the opera | 2002 | N&B | idem (version 1925) | 3500 |
Renfield | 2002 | Couleur | Dracula | 3500 |
The vampyre * | 2002 | N&B | Nosferatu | 3500 |
The vampyre * | 2001 | Couleur | Nosferatu | 3500 |
Werewolf of London | 2003 | Couleur | idem | 1500 |
The wolfman | 2000 | Couleur | idem | Non communiqué |
The wolfman | 2002 | N&B | idem | 3000 |
Avec un total de 43 références, la série des figurines 1/6ème se révèle étonnamment vaste, dépassant en nombre la gamme 8'', conçue en parallèle (voir article sur le sujet), ainsi que les statues 1/4. Certaines références n'existent qu'au format 12'' : Ardath Bey, Bela the gypsy, The creature walks among us, Frankenstein (versions Ghost of Frankenstein et House of Frankenstein), Fritz, Larry Talbot, Mister Hyde et Murder Legendre. Plus étonnant, les neuf jouets listés demeurent à ce jour les seules et uniques représentations des personnages, tous formats et toutes marques confondues.
La gamme 12'' conçue par Sideshow constitue à ce jour l'ensemble le plus complet consacré aux monstres du studio Universal. Le travail accompli (sculpture, vêtements et peinture) s'avère remarquable, même s'il peut paraître obsolète au vu des standards actuels. Il a contribué de manière significative au renouveau du format 12'', jusque-là négligé.
Hélas, une telle ligne de produits ne pourrait plus voir le jour aujourd'hui, tant pour des raisons économiques que culturelles. Depuis 20 ans, les coûts de fabrication n'ont cessé de flamber. Les causes de ce phénomène sont multiples : bond qualitatif, hausse du prix des matières premières et de la main d'oeuvre... Résultat, les prix de vente au détail ont été multipliés par quatre et collectionner devient un luxe. Les enjeux financiers sont maintenant tels que les fabricant préfèrent se cantonner à des licences "grand public" comme Star wars ou Marvel. Au-delà des questions économiques, on assiste à un effondrement du niveau culturel moyen, notamment chez les générations nées après 1990. Il ne faut pas sous-estimer l'impact de ce phénomène sur l'industrie des produits dérivés. En effet, la majorité des nouveaux consommateurs ignore à peu près tout du cinéma avant l'an 2000. Cette méconnaissance commence à peser sur l'offre, le marché actuel fonctionnant essentiellement via des précommandes. Conséquence de ces évolutions, il semble désormais illusoire d'écouler 2 000 exemplaires d'une figurine 1/6ème de Mr Hyde (version 1930) à un tarif de 250 € pièce !...
Les références sont classées dans l'ordre de commercialisation.
THE WOLF MAN (2000) version couleur
En 1931, Dracula et Frankenstein offrent à Universal deux succès aussi foudroyants qu’inattendus. A la tête du studio, le jeune Carl Laemmle Jr creuse la thématique de « l’horreur » avec The mummy (1932 – voir ici) ou The invisible man (1933). Après le départ de ce dernier (1936), la production liée au fantastique s’essouffle jusqu’à la reprise du duo Dracula/Frankenstein sur les écrans. En 1941, un nouveau « monstre » fait alors son apparition : The wolf man. En réalité, ce long métrage n’est pas le premier à s’intéresser au thème de la lycanthropie. Il est précédé par The werewolf of London du même studio, sorti en 1935. Nous aurons l’occasion de revenir sur cette œuvre méconnue dans un prochain article. Pour des raisons qui m’échappent, The wolf man éclipse son prédécesseur, influençant de manière durable l’iconographie liée au loup-garou, y compris à l’occasion du remake de 2010 (avec Bénicio Del Toro).
L’histoire se déroule en Angleterre. Au décès de son frère, Harry Talbot rejoint le manoir familial et tente de renouer des relations avec un père ombrageux. Au cours d’une soirée dans un camp gitan, il protège une jeune femme attaquée par ce qui ressemble à un loup. Victime d’une morsure, le malheureux va alors se retrouver sous l’emprise d’une terrible malédiction…
Universal confie la réalisation à George Waggner, un ancien acteur devenu metteur en scène à la fin des années 30. L’homme dirige des films mineurs (westerns, fantastique), avant de passer à la télévision (notamment les séries Men from UNCLE et Batman). Même si je trouve le scénario de Curt Siodmak bancal, il faut reconnaître que le film dégage une atmosphère particulière avec une majorité de séquences nocturnes, tournées dans des décors nimbés de brume. Particulièrement complexe, nécessitant pas moins de six heures de travail, le maquillage du loup-garou est l’oeuvre du maquilleur Jack Pierce, déjà aux commandes sur Frankenstein, The mummy et The werewolf of London. Il reprend à cette occasion une partie de ses croquis élaborés en 1935. Cet artisan de génie immortalise pour l’éternité l’image d’un loup-garou au visage hirsute et aux mains griffues, dont la transformation progressive se déroule à l’écran, un procédé repris notamment dans The werewolf (1956 - Fred F. Sears) et The werewolf of London (1981 - John Landis).
Dans les années qui suivent, le personnage du loup-garou se retrouve dans plusieurs films, mais toujours associé à d’autres monstres Universal : Frankenstein meets the wolfman (1943), House of Frankenstein (1944), House of Dracula (1945) et enfin le triste Abbot and Costello meet Frankenstein (1948).
L’incontournable Boris Karloff est pressenti pour le rôle, mais paraît déjà trop âgé. L’emploi revient finalement à Lon Chaney Jr, fils du célèbre comédien Lon Chaney, inoubliable interprète du Bossu de Notre-Dame et du Fantôme de l’opéra dans les années 20 (voir infra). A l’évidence, le fils n’a pas le charisme du père. Doté d’un physique pataud et souvent ivre, ce dernier affiche une mine triste qui convient manifestement au rôle, mais dont il a du mal à se départir. La carrière de Lon Chaney Jr se limite bien souvent à une longue suite de séries B (la série des Inner sanctum notamment), voire Z. L’homme décède en 1973.
Entre 1973 et 1976, les sociétés américaines AHI-Remco, Lincoln et Mego développent les premières figurines articulées à l’effigie du loup-garou. Dans tous les cas, la ressemblance avec le personnage du film est « vague ». Pour des questions de droit, le visage de Lon Chaney Jr. n’est jamais représenté.
Le premier mannequin 12’’ est distribué en 1980 par Remco. Il ne relève guère le niveau avec ses vêtements marron informes, sans oublier une corde nouée autour de la taille. En 1998, Hasbro produit à son tour un jouet 12’’ à peine plus convaincant. Dans ce contexte morose, le lancement par Sideshow de sa gamme Universal monsters constitue un évènement pour les collectionneurs. Hasard du calendrier, les films deviennent disponibles à la même période sur support dvd, rapidement suivi par des coffrets regroupant l’ensemble des épisodes. Grâce au numérique, ces longs métrages à la pellicule accidentée bénéficient d’une cure de jouvence, tant au niveau de l’image que du son. Cette démarche salutaire contribue à faire (re)découvrir ces œuvres majeures du patrimoine fantastique, désormais à la disposition du plus grand nombre, si tenté qu’on soit curieux. Sortis plus récemment, les blu-ray parachèvent cette restauration exemplaire, offrant des conditions de visionnage inégalées.
Pour inaugurer sa gamme 12’’ consacrée à Universal, Sideshow choisit Frankenstein et The wolf man (versions couleurs). Les deux figurines sont commercialisées en 2000. Pour ces deux premières créations, l’entreprise ne communique pas le tirage, contrairement aux références suivantes. Il peut néanmoins être estimé à 5 000 exemplaires. En France, ces jouets sont disponibles à l’import, notamment dans le fameux magasin Virgin Megastore des Champs Elysées, aujourd’hui disparu.
Sideshow opte d’emblée pour une version couleur alors que le film est tourné en noir et blanc, une décision motivée par des considérations économiques évidentes. Il n’existe ni pellicule teintée d’époque ni photos de plateau en couleur. Pour arrêter ses choix (peau marron clair, poils foncés, chemise bleu-gris, pantalon marron), le fabricant s’est référé aux lobby cards d’époque sur lesquelles le personnage apparaît avec ces couleurs. Les puristes devront attendre 2002 pour obtenir une variante « silver screen » (noir et blanc) limitée à 2000 exemplaires.
La sculpture offre un portrait satisfaisant du Wolf man, rendant ainsi hommage au travail de Jack Pierce. Elle a cependant du mal à restituer l’aspect broussailleux du visage. Le costume apparaît conforme à celui vu à l’écran. Il faut dire que l’ensemble est relativement simple (chemise, pantalon et ceinture). La figurine est munie de pieds et de mains spécialement sculptés pour l’occasion (griffes, poils...). Les accessoires fournis illustrent la chasse organisée contre la créature dans une lande imaginaire reconstituée en studio. On trouve une souche d’arbre (photo 4) et un piège à l’aspect très réaliste (photo 3). A noter l’absence de socle, le jouet étant prévu pour être exposé en position accroupie à la manière d’un animal sauvage.
Le jouet est conditionné dans une boîte à fenêtre surmontée d’un rabat, une présentation plutôt luxueuse pour l’époque. L’usage d’un cartonnage glacé renforce l’aspect qualitatif de l’emballage. L’illustration principale reprend l’affiche d’époque qui n’est guère inspirée (photo 5). Au dos du packaging, on peut admirer une photo du monstre issue du tournage (photo 6).
L’exemplaire présenté est scellé et en très bon état. Il porte une étiquette de prix d’époque qui laisse rêveur (30 € !).
FRANKENSTEIN’S MONSTER (issu de Frankenstein meets the wolfman) (2001)
Comme indiqué précédemment, The Wolf Man fait son apparition dans un film éponyme sorti en 1941 : victime d’une malédiction, le personnage tourmenté de Larry Talbot (Lon Chaney) se transforme en loup-garou à chaque pleine lune. Le succès du long métrage incite le studio Universal à mettre en chantier une suite. Cette dernière se veut également un prolongement de The ghost of Frankenstein (1943), quatrième épisode des aventures du Docteur et de sa créature. De fait, il s’agit du premier « crossover » de l’histoire du cinéma, un procédé employé depuis à l’excès par les studios hollywoodiens !… Le film se conclut par l’affrontement entre Frankenstein et The Wolf Man. Pour information, les deux protagonistes sont de nouveau réunis dans House of Frankenstein (1944), House of Dracula (1945) et enfin dans la triste parodie Abbot and Costello meet Frankenstein (1948).
En 1931, l’acteur Boris Karloff crée le rôle du monstre de Frankenstein, associant pour toujours ses traits émaciés à un personnage devenu depuis une icône graphique. Il reprend du service dans The bride of Frankenstein (1935) et Son of Frankenstein (1939). Par la suite, le comédien cède sa place, lassé par des heures de maquillage harassantes. Ainsi, dans The ghost of Frankenstein (1943), Lon Chaney succède à Karloff.
Pour Frankenstein meets the wolfman, le cinquième film de la « franchise », Chaney ne peut jouer les deux créatures, tant pour des contraintes techniques (effets spéciaux trop complexes) que budgétaires (temps de maquillage supplémentaire). La production engage alors un autre comédien spécialisé dans l’horreur : Bela Lugosi. Il s’agit d’un choix « logique » dans la mesure où le cerveau d’Ygor (interprété par Lugosi) est transféré dans le corps de Frankenstein dans le film précédent !... En 1931, le comédien d’origine hongroise est acclamé pour son interprétation de Dracula dans le premier film d’horreur parlant de l’Histoire. Par la suite, sa carrière s’enlise, notamment en raison de sa piètre maîtrise de l’anglais. Outre un accent très marqué, l’homme s’avère incapable d’improviser. Il doit également faire face à des addictions de plus en plus importantes, notamment l’héroïne. Son destin tragique est évoqué par Tim Burton dans l’inoubliable Ed Wood (1995).
Universal confie la réalisation de Frankenstein meets the wolfman à Roy William Neill. Bien qu’il soit peu connu, ce professionnel aligne une filmographie impressionnante : 110 oeuvres tournées entre 1917 et 1946. Même s’il s’illustre avec efficacité dans la plupart des genres, il ne signe pas véritablement de « grand » film. Aujourd’hui, rares sont ceux à disposition du public. J’ai eu la chance de voir The black room (1935), un thriller « horrifique » avec Boris Karloff interprétant des jumeaux, ainsi que Black angel (1946), un film noir avec l’excellent Dan Duryea.
Dans ce « crossover », Larry Talbot, alias The wolfman (Lon Chaney), tente toujours d’échapper à sa malédiction. Il part à la recherche de Frankenstein, un médecin à la réputation sulfureuse. Ce dernier étant décédé, Larry découvre dans les montagnes le laboratoire secret du Docteur, ainsi que la créature, prisonnière des glaces. Le scénario prévoit des dialogues entre les deux protagonistes, mais l’accent de Lugosi ruine les projections test. Les répliques du comédien sont coupées, ce qui conduit à l’omission d’une partie de l’intrigue, notamment la cécité de la créature ! Le jeu de Lugosi devient incompréhensible, en particulier sa démarche erratique, et ne peut rivaliser avec l’interprétation de Karloff. Malgré ces incohérences, le film remporte un immense succès.
Les premières figurines articulées à l’effigie du monstre de Frankenstein sont développées entre 1973 et 1976 par les sociétés américaines AHI-Remco, Lincoln et Mego. Auparavant, seules quelques maquettes sont disponibles. La ressemblance avec le personnage reste vague, ce qui permet d’éviter de payer des droits au studio Universal. Le visage de Boris Karloff fait sa première apparition officielle sur les packagings en 1980. La postérité ne retient que ce dernier alors que quatre comédiens se succèdent entre 1931 et 1948 : Karloff, Chaney, Lugosi et Strange. En 2001, Sideshow innove donc en proposant ce mannequin 12’’ de Bela Lugosi sous les traits du monstre. Il est suivi en 2007 par un diorama en polystone reconstituant l’affrontement entre Frankenstein et The wolf man. Depuis cette date, le film de Roy William Neill n’a plus généré le moindre produit dérivé. Il est fort probable que cette situation perdure, la cinéphilie étant une culture en voie de disparition.
Comme j’ai déjà eu l’occasion de le préciser, la gamme Universal monsters de Sideshow marque un tournant pour les collectionneurs de l’époque. Hasard du calendrier, les films sont disponibles au même moment sur support dvd, rapidement suivi par des coffrets regroupant l’ensemble des épisodes. Grâce au numérique, ces longs métrages à la pellicule accidentée bénéficient d’une cure de jouvence, tant au niveau de l’image que du son. Cette démarche salutaire contribue à faire (re)découvrir ces œuvres majeures du patrimoine fantastique, désormais à la disposition du plus grand nombre, si tenté qu’on soit curieux. Sortis plus récemment, les blu-ray parachèvent cette restauration exemplaire, offrant des conditions de visionnage inégalées.
Bien qu’elle soit inédite, la figurine de Lugosi/Frankenstein est limitée à 3 500 exemplaires, un tirage plutôt faible. Sideshow opte ici pour une version couleur alors que le tournage s’effectue en noir et blanc. L’objectif est d’accroître le potentiel commercial du jouet, même si cette pratique heurte les puristes. Le fabricant semble s’inspirer de l’imagerie « traditionnelle », à savoir celle d’un monstre « vert » (visage et veste notamment). Or, les lobby cards teintées d’époque et les affiches montrent une créature à la peau jaunâtre vêtue d’un costume uni de couleur noire. A titre personnel, je regrette l’absence d’édition « noir et blanc » de ce Frankenstein.
La sculpture offre un portrait satisfaisant du monstre, rendant ainsi hommage au travail du maquilleur Jack Pierce. Elle n’est évidemment pas au niveau des standards actuels (Hot Toys, InArt…), mais sans paraître obsolète. Les cicatrices qui lardent le visage et les avant-bras sont correctement représentées. Mis à part sa couleur, la tenue apparaît également conforme à celle vue à l’écran. Il faut dire que l’ensemble est relativement simple (T-shirt, veste, pantalon, bottes et ceinture). Les accessoires fournis sont les suivants : un bâton, le livre consignant les recherches de Frankenstein (« The secret of life and death »), ainsi que de la dynamite. Le petit socle aux motifs pavés intègre une cale pour le pied. S’il a le mérite d’être discret, ce système se révèle inopérant en raison du poids du jouet.
Le mannequin est conditionné dans une boîte à fenêtre à rabat, un format plutôt luxueux pour l’époque. L’usage d’un cartonnage glacé renforce l’aspect qualitatif de l’emballage. L’illustration principale reprend l’affiche originale et son visuel efficace (photo x) : les deux monstres s’affrontent sous le regard de la fille de Frankenstein, allongée dans une pose lascive typique des années 40-50. Ce personnage féminin est pour la première fois incarné par Llona Massey, en remplacement d’Evelyn Ankers, déjà « fiancée » à Lon Chaney dans The wolf man. Au dos de la boîte, on trouve une superbe photo de plateau en noir et blanc : Bela Lugosi est face à l’objectif, grimé en Frankenstein (photo x).
L’exemplaire présenté est scellé et en excellent état. Il porte une étiquette de prix d’époque qui laisse rêveur (45 € !).
THE PHANTOM OF THE OPERA version noir et blanc (2002)
Après son triomphe dans The Hunchback of Notre Dame (1923 – voir précisions infra), l’acteur Lon Chaney devient une star. Il se spécialise dans les rôles de personnages tourmentés, frappés de difformités physiques. Un siècle plus tard, ses métamorphoses restent spectaculaires. A l’époque elles lui valent le surnom de "The Man of a thousand faces" (« L’homme aux mille visages »). En 1925, le comédien tourne The phantom of the opera (Le fantôme de l’opéra). Il s’agit de l’adaptation du roman éponyme de Gaston Leroux. Mort en 1927, l’écrivain français voit son œuvre portée à l’écran de son vivant.
Produit sous l’égide d’Universal, ce film muet au budget conséquent est confié à Rupert Julian, un réalisateur (et acteur) néo-zélandais tombé dans l’oubli. L’homme a pourtant réalisé une soixantaine de moyens ou longs métrages, la plupart avant 1920. La majorité est aujourd’hui considérée comme perdue. A l’arrivée du parlant, la carrière de Rupert Julian s’enlise. Il tourne son dernier film en 1930.
A l’instar de The hunchback of Notre-Dame, The phantom se déroule à Paris, cette fois à l’opéra. Les décors fantasmés du bâtiment sont reconstitués sur un gigantesque plateau, des égouts lugubres aux toits vertigineux. Ils servent de toile de fond à l’histoire, celle d’un mystérieux « fantôme », tombé amoureux d’une cantatrice dont il devient le dangereux « protecteur »… La production du film se révèle chaotique. A l’issue d’un tournage houleux et d’avant-premières désastreuses, de nombreuses scènes sont supprimées, y compris certaines séquences en Technicolor, un procédé alors balbutiant et très onéreux (seul le « bal masqué » nous est parvenue dans son intégralité). En 1929, le studio élabore une version « sonore » du film (essentiellement post-synchronisée) sur la base d’un nouveau montage, lui-aussi considéré comme perdu.
Pour ceux qui n’auraient pas vu The phantom, je conseille la copie blu-ray du British Film Institute (BFI). La restauration soignée, fruit d’un assemblage complexe de différentes sources, nous permet apprécier cette œuvre quasi-centenaire dans des conditions optimales. Elle révèle la splendeur de décors démesurés, baignant dans un savant clair-obscur, au service du jeu inquiétant de Chaney. Comme à son habitude, le comédien s’investit totalement dans son personnage. Il élabore lui-même son maquillage, celui d’une créature atrocement défigurée. Le secret autour de l’apparence du fantôme est conservée jusqu’à la sortie en salles. En ménageant l’effet de surprise, l’objectif est de susciter l’effroi des spectateurs. Cette décision révèle un sens précoce du marketing au sein du studio Universal. Bien qu’artisanal, le maquillage de Lon Chaney parvient encore à fasciner un siècle après sa création (voir photos 3 et 4), allant jusqu’à générer des produits dérivés.
En 1974, la société américaine Lincoln conçoit la première figurine articulée à l’effigie du fantôme. La ressemblance avec l’acteur reste évidemment discutable, le fabricant ne disposant pas des droits. Au début des années 80, la société Remco commercialise deux figurines aux formats 12’’ et 3 75’’. Puis c’est au tour d’Hasbro d’exploiter le personnage. En 1998, le géant américain accouche d’un mannequin 1/6ème d’une laideur difficilement justifiable. Quatre ans plus tard, Sideshow rend enfin justice au fantôme à travers sa gamme Universal monsters. La version couleur est tirée à 3 500 exemplaires. Elle peut être considérée comme « valide » d’un point de vue cinématographique, sachant qu’une partie du film était censée être projetée en couleur. Les teintes exactes retenues à l’époque demeurent toutefois un mystère. En 2002, le fabricant ajoute à son catalogue une figurine 12’’ noir et blanc éditée elle-aussi à 3 500 exemplaires. De tels volumes semblent aujourd’hui illusoires, d’une part en raison de la flambée des tarifs, d’autre part de l’inculture grandissante envers le cinéma et l’art en général...
La sculpture du Phantom réalisée par Sideshow se montre plus convaincante que celle du Bossu (voir infra), notamment lorsqu’il s’agit de restituer l’expression faciale du comédien et son extraordinaire maquillage. A bien y regarder, la figurine apparaît finalement moins effrayante que son modèle, l’aspect squelettique du crâne étant adouci, de même que le regard halluciné. Elle est fournie de nombreux accessoires vus à l’écran : masque, chapeau, violon, archer et cape en tissu. Le petit socle aux motifs pavés intègre une cale pour le pied. S’il a le mérite d’être discret, ce système se révèle inopérant en raison du poids du jouet.
Depuis 2002, The Phantom version Sideshow représente l’unique mannequin 12’’ dont disposent les collectionneurs de la licence Universal monsters, du moins ceux qui recherchent un produit fidèle au film. Malgré les formidables évolutions du secteur du 1/6ème, il reste un produit tout à fait recommandable. Contre toute attente, 2024 pourrait bien changer la donne. En effet, l’uniformisation du marché, avec sa polarisation autour des licences Star wars et Marvel, laisse le champ libre à de petites sociétés et leur catalogue alternatif. Ainsi, deux fabricants italiens plutôt confidentiels (Infinite Statue et Kaustic Plastic, filiales de Cosmic Group), vont proposer une nouvelle version 1/6ème, du fantôme, nécessairement plus aboutie. Ils sont notamment à l’origine d’un excellent Dracula-Bela Lugosi et du tamdem Christopher Lee-Peter Cushing (Hammer).
Le jouet est conditionné dans une boîte à fenêtre à rabat, une présentation plutôt luxueuse pour l’époque. A l’instar de la figurine, l’emballage joue sobrement la carte du noir et blanc, misant à raison sur d’extraordinaires photos issues du tournage.
L’exemplaire présenté est scellé et en parfait état.
ARDATH BEY (2003)
En 1931, Dracula et Frankenstein offrent à Universal deux succès aussi foudroyants qu'inattendus. A la tête de studio, le jeune Carl Laemmle Jr. initie alors un nouveau projet inspiré par la découverte du tombeau de Toutankhamon dix ans plus tôt : The mummy. Contrairement à ses deux prédécesseurs, le film repose sur un scénario original. Il sort dans les salles en 1932.
La réalisation est confiée à Karl Freund, un directeur de la photographie réputé. D'origine austro-hangroise, l'homme révolutionne le langage cinématographique grâce à ses inventions : la caméra mobile, la caméra montée sur grue et le rail de travelling ! Après un brillant parcours européen (notamment Metropolis de Fritz Lang), Freund part s'installer aux Etats-Unis en 1929. Entre 1932 et 1936, il se consacre à la mise en scène. The mummy, son premier film américain, est remarquable, tant par sa modernité narrative que par sa splendeur visuelle. Par la suite, l'homme renonce à la réalisation pour se cantonner à la photographie. Les raisons de ce revirement ne sont pas clairement établies. Il obtient un Oscar en 1937 (The good earth). Au cours de sa carrière, il assure la photographie de All is quiet on the western front (1930), Dracula (1931), Murder in the rue Morgue (1932), Camille (1936), Pride and prejudice (1940), The seventh cross (1944), Key Largo (1948) ou Montana (1950).
The mummy s'ouvre sur la découverte du tombeau d'Imhotep, un prêtre condamné pour avoir tenté de ressusciter sa bien-aimée. Le mort est ramené à la vie par les archéologues et s'échappe. Des années plus tard, Imhotep croise une jeune femme qui serait la réincarnation de son amour perdu. Pour la conquérir, il va semer la terreur sur son passage... Ce thème de l'amour réincarné sera intelligemment repris en 1992 par F. F. Coppola dans son Dracula. En 1940, Universal produit un reboot centré sur le personnage de Kharis (The mummy's hand), suivi par quatre suites. Cependant, ces nouveaux épisodes s'avèrent décevants. A noter que le dernier film de la franchise (The mummy's curse - 1944) met pour la première fois à l'honneur une femme momie (incarnée par la discrète mais talentueuse Virginia Christine).
Le rôle principal d'Imhotep revient à Boris Karloff, un comédien devenu célèbre du jour au lendemain grâce à son interprétation subtile du monstre de Frankenstein. D'origine britannique, Karloff débute au théâtre avant de se produire au cinéma à partir des années 20, sans grand succès. Les films d'horreur lui procurent une reconnaissance tardive. L'acteur reste ensuite abonné aux séries B de genre et aux rôles de psychopathe. Néanmoins, contrairement à Lugosi, Karloff parvient toujours à susciter l'empathie pour les personnages qu'il incarne, notamment grâce à la dimension tragique de son jeu.
Créateur du maquillage de Frankenstein, Jack Pierce conçoit une momie plus vraie que nature. Grâce à son travail époustouflant, la séquence du réveil d'Imhotep provoque une angoisse indicible alors que Karloff se contente d'ouvrir les yeux. Nécessitant huit heures de pose, le maquillage élaboré pour l'occasion est désormais passé à la postérité, influençant près d'un siècle d'effets spéciaux.
Entre 1973 et 1976, les sociétés américaines AHI-Remco, Lincoln et Mego développent les premières figurines articulées à l'effigie de la Momie. Dans tous les cas, il s'agit de monstres "générique", sans liens particuliers avec le personnage vu dans le film. Pour des questions de droit, le visage de Karloff n'est jamais représenté.
Le premier mannequin 12'' est distribué en 1980 par Remco. Il porte un costume en tissus imitant le motif "bandelettes". Si le packaging affiche le portrait de Karloff, la figurine ne ressemble pas du tout au comédien. En 1998, Hasbro produit à son tour un jouet 12'' aussi médiocre que ses prédécesseurs. Dans ce contexte morose, le lancement par Sideshow de sa gamme Universal monsters constitue un évènement pour les collectionneurs. Hasard du calendrier, les films deviennent disponibles à la même période sur support dvd, rapidement suivi par des coffrets regroupant l'ensemble des épisodes. Grâce au numérique, ces longs métrages à la pellicule accidentée bénéficient d'une cure de jouvence, tant au niveau de l'image que du son. Cette démarche salutaire contribue à faire (re)découvrir ces oeuvres majeures du patrimoine fantastique, désormais à la disposition du plus grand nombre, si tenté qu'on soit curieux. Sortis plus récemment, les blu-ray parachèvent cette restauration exemplaire, offrant des conditions de visionnage inégalées.
Le mannequin 12’’ d’Ardath Bey (pseudonyme utilisé par Imhotep dans la seconde partie du film) sort en 2003. Il s’agit de la première et unique représentation du personnage en tenue « civile », tous formats confondus (figurines et statues) ! Bien qu’il soit inédit, le jouet est limité à 3 000 exemplaires, un tirage plutôt moyen pour cette série. Sideshow opte pour une version couleur alors que le film est tourné en noir et blanc, une décision motivée par des considérations économiques évidentes. Il n’existe ni pellicule teintée d’époque ni photos de plateau en couleur. Pour arrêter ses choix (teint cireux de Karloff, manteau tabac, ceinture vieux rose et chapeau rouge), le fabricant s’est peut-être référé aux lobby cards teintées d’époque, bien que celles-ci affichent différentes colorations. Il peut également s’agir d’une interprétation « libre ». A titre personnel, je regrette l’absence de variante « silver screen » (noir et blanc).
Très réussie, la sculpture offre un portrait convaincant de Karloff, tout en rendant justice au travail de Jack Pierce. Le costume paraît conforme à celui du personnage, à l'exception du col non rigide. De toute évidence, la scène finale du film sert d'inspiration au modèle : retranché dans le musée, Ardath Bey tente de procéder au sacrifice d'Helen. Au cours de la séquence, Karloff revêt un pull à col haut blanc. Il utilise un poignard, ainsi que le fameux parchemin de Thot enrubanné, éléments reproduits par Sideshow. Dans ses précédentes apparitions, Ardath Bey porte une chemise à motifs surmontée d'un col plus sombre.
Le jouet est conditionné dans une boîte-fenêtre à rabat. L'usage d'un cartonnage glacé renforce l'aspect qualitatif de l'emballage. L'illustration principale provient d'une lobby card teintée d'époque (photo 3) : ce type de documents ornait les couloirs des cinémas afin d'attirer le public, une pratique qui a perduré jusqu'aux années 90. En observant l'image, on remarque que les couleurs du costume diffèrent de celles retenues par Sideshow. Au dos du packaging, on peut admirer quelques photos issues du tournage (photo 4).
L'exemplaire présenté est scellé et en parfait état. Sur l'arête inférieure gauche, la colle maintenant le carton a cédé avec le temps (photo 5).
MR. HYDE (2004)
Le triomphe commercial inattendu des films d’horreur produit par Universal au cours de l’année 1931 suscite l’intérêt des autres studios. Ainsi, la Paramount lance une nouvelle adaptation du roman de Robert Louis Stevenson : The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde (1886). Le livre a déjà fait l’objet de plusieurs déclinaisons au théâtre et au cinéma, la plus célèbre étant la version muette de 1920 réalisée par John S. Robertson et distribuée par Paramount. L’histoire repose sur une idée imparable : un médecin élabore une « potion » qui libère en lui ses plus bas instincts, tout en le transformant en créature hideuse.
Dix ans plus tard, Victor Fleming (Gone with the wind) signe pour la MGM un nouveau remake avec Spencer Tracy dans le rôle titre (le plus grand comédien américain du XXème siècle). Bien peu soucieux du patrimoine cinématographique, les dirigeants de MGM tentent de faire disparaître toute trace des œuvres précédentes ! Le studio achète les négatifs et les droits des versions de 1920 et 1931, puis détruit méthodiquement toutes les copies dont il dispose !… La version de 1930 est donc considérée un temps comme perdue. J’ignore dans quelles circonstances elle a pu être retrouvée. En France, le film est disponible sur support DVD dans une édition de qualité. Une diffusion au format blu-ray serait évidemment la bienvenue. Si vous souhaitez des informations supplémentaires sur Mr Hyde au cinéma, je vous renvoie ici (ici).
La réalisation du Jekyll et Hyde de 1931 est confiée à Rouben Mamoulian, un cinéaste d’origine arménienne né dans ce qui est aujourd’hui la Géorgie. L’homme émigre aux Etats-Unis en 1924 où il enseigne le théâtre, avant de monter des pièces et des comédies musicales à Broadway. Il dirige son premier long métrage en 1929. Sa carrière hollywoodienne s’avère relativement réduite avec un total de seize films. A partir du milieu des années 40, il ne travaille quasiment plus en raison de ses « divergences » avec les producteurs et son renvoi de plusieurs tournages. Parmi ses œuvres les plus intéressantes, on peut retenir City streets (1930) avec Gary Cooper et Sylvia Sidney, The song of songs (1937) avec Marlene Dietrich et The mark of Zorro (1940), la meilleure adaptation des aventures du bandit masqué.
Sur l’insistance de Mamoulian, le double rôle de Jekyll/Hyde est confié à Fredric March, un jeune comédien abonné jusque-là aux rôles plutôt légers. Sa performance remarquable est saluée l’année suivante par un Oscar (qu’il partage avec Wallace Beery) et lance sa carrière (le cinéma d’horreur sera ensuite « banni » des cérémonies en raison de sa « vulgarité »). Fredric March possède une filmographie assez remarquable, même s’il est tombé dans l’oubli (comme tous les comédiens ayant exercé leur art avant 1990 !). Il tient ainsi le rôle principal dans The sign of the cross (1931), le peplum de Cecil B deMille. Il retrouve sa partenaire de Hyde, Miriam Hpkins, pour Design for living d’Ernst Lubitsch (1934), puis séduit Garbo dans Anna Karenine (Clarence Brown - 1935), et participe enfin à la première version d’A star is born (1937). Après la Seconde Guerre Mondiale et la maturité, il s’illustre dans des seconds rôles brillants au service des plus grands réalisateurs : Executive suite (Robert Wise - 1954), The desperate hours (William Wyler - 1955), Middle of the night (Delbert mann - 1959) et bien sûr l’indispensable Inherit the wind (Stanley Kramer - 1959) qui retrace le procès contre un enseignant du Darwinisme.
Dans Jekyll et Hyde, Miriam Hopkins interprète sans ambiguïté une prostituée, un type de personnage qui disparaîtra avec l’instauration du code d’(auto)-censure Hays en 1934. Le film appartient donc à ce qu’il convient d’appeler l’ère « pré-code », une période où l’industrie hollywoodienne fait preuve d’une indéniable audace dans la représentation de thèmes controversés ou « sulfureux ». A l’instar de Fredric March, Miriam Hopkins n’a que trois films à son actif en 1931. Elle devient rapidement l’une des stars les plus importantes de la décennie (les actrices vedettes sont alors très nombreuses contrairement aux idées reçues : Greta Garbo, Marlene Dietrich, Bette Davis, Katherine Hepburn, Barbara Stanwyck, Joan Crawford, Claudette Colbert, Jean Harlow…). A la fin des années 40, sa carrière marque le pas et la comédienne s’oriente vers la télévision où elle apparaît régulièrement dans des téléfilms ou des séries.
L’oeuvre de 1931 s’ouvre par un audacieux plan-séquence de plusieurs minutes en caméra subjective (quasiment une première à l’époque) au cours duquel le spectateur « voit » à travers les yeux du personnage. Compte tenu de la taille et de la lourdeur des équipements, il s’agit d’un véritable tour de force. L’élaboration du maquillage de Mr Hyde est confié à Wally Westmore (dont la fratrie règne sur les départements « maquillage » de plusieurs studios durant trois décennies). L’apparence du monstre s’inspire de l’Homme de Néandertal tel qu’on se l’imagine au début du siècle, soit une sorte de brute simiesque aux traits grossiers. Précisons que les reconstitutions actuelles de notre ancêtre n’ont plus rien à voir avec cette vision caricaturale !… Quoi qu’il en soit, le résultat obtenu à l’écran se montre d’une redoutable efficacité à l’instar des maquillages d’horreur élaborés durant l’entre deux guerres. La transformation « en temps réel » (sans coupe) du personnage marque les esprits : elle repose sur un jeu de couleurs complexe, tant dans les différentes couches de maquillage que l’éclairage ou les filtres, afin de révéler ou masquer certaines portions. L’usage du noir et blanc contribue à rendre cette technique indétectable.
Concernant les produits dérivés, il n’existe AUCUNE figurine à l’effigie du Mr Hyde de Mamoulian à l’exception du présent mannequin Sideshow ! C’est dire à quel point il est précieux pour les amateurs de films de patrimoine, même si ces derniers sont de moins en moins nombreux... Pour moi, la présence de cette figurine aux côtés des monstres « Universal » s’avère légitime, bien que Mr Hyde soit issu du catalogue Paramount (désormais propriété de Warner !), car tous appartiennent à ce même courant fantastique des années 30 dont le foisonnement créatif a influencé un siècle d’art populaire.
Le jouet est limité à 2 000 exemplaires, un tirage relativement faible pour cette série. La sculpture du visage semble provenir d’une photo de plateau où Hyde est appuyé contre une vitre, les yeux exorbités, le visage déformé par un rictus goguenard. Curieusement, la photo en question n’est pas reprise sur le packaging alors que d’autres sont présentes. On pourrait objecter que cette expression faciale, certes fidèle mais fugace, n’est pas représentative de la physionomie du personnage à l’écran. Un visage véritablement menaçant m’aurait semblé plus opportun, pour ne pas dire plus « vendeur », quitte à fournir deux têtes (une pratique cependant peu courante à l’époque).
En matière de peinture, Sideshow opte pour une version « couleur » alors que le personnage porte un smoking et que le film est tourné en noir et blanc… Un choix absurde, puisqu’au final seule la tête est concernée ! En l’absence de pellicule teintée d’époque ou photos de plateau en couleur, il convient de se référer aux lobby cards colorées, ces images qui ornaient les murs des cinémas : on y voit un Hyde avec le teint mat et des cheveux marron ou bien gris. Le fabricant respecte donc plus ou moins les représentations des années 30, notamment la carnation, même si le nez vire inexplicablement au rouge !... A titre personnel, je regrette évidemment l’absence d’édition « silver screen » (noir et blanc).
Le jouet est conditionné dans une boîte-fenêtre à rabat. L’usage d’un cartonnage glacé renforce l’aspect qualitatif de l’emballage. L’illustration principale reprend l’affiche originale d’époque (photo 1). Au dos du packaging, on peut admirer trois photos de plateau dont une en gros plan (photo 2).
L’exemplaire présenté est scellé et en parfait état.
THE HUNCHBACK OF NOTRE DAME (2005)
Sorti en 1923, The hunchback of Notre-Dame (Le bossu de Notre-Dame) est l'adaptation du roman éponyme de Victor Hugo. Produit sous l'égide d'Universal, ce film muet au budget conséquent (décors grandioses et figurants par centaines) est confié à Wallace Worsley, un réalisateur injustement oublié, auteur d'une trentaine de films entre 1918 et 1929. A l'arrivée du parlant, l'homme aurait mis un terme à sa carrière.
Le long métrage se déroule dans un Paris moyenâgeux reconstitué en studio. Il raconte le destin tragique de Quasimodo, bossu tombé sous le charme d'Esmeralda. Le rôle principal revient à Lon Chaney, un comédien chevronné. De par son jeu habité, ce dernier privilégie les personnages sombres, infirmes ou torturés. A l'écran, l'acteur fait preuve d'un talent peu commun pour opérer des transformations physiques spectaculaires, notamment à l'aide de maquillages complexes élaborés par ses soins, à une époque où ces techniques demeurent artisanales. Afin d'incarner le Bossu, Lon Chaney s'affuble de prothèses dont le résultat fascine encore un siècle après (photo 5), jusqu'à générer des produits dérivés !
Suite à sa performance dans The hunchback of Notre-Dame, le comédien devient une star. Il reçoit le surnom de "The man with a thousand faces" (l'homme aux mille visages). Chaney entretient une collaboration fructueuse avec le réalisateur Tod Browning (Freaks, Dracula...). Ensemble, ils tournent 11 films dont The unknown aux côtés de la jeune Joan Crawford (1927). Malheureusement, l'acteur n'a guère le temps de profiter de son statut. Il décède brutalement d'un cancer en 1930. Aujourd'hui, la majorité des oeuvres muettes sont perdues, y compris de nombreux longs métrages de Chaney. Cette situation navrante est due à l'incurie des studios et des producteurs qui ont négligé ou détruit ce patrimoine précieux. S'agissant du Bossu, il ne subsiste que des copies 16 mm destinées aux projections familiales. De plus, le film est tombé dans le domaine public, d'où le désintérêt des éditeurs.
A partir des années 40, Lon Chaney Jr, fils du comédien, devient également acteur. Même s'il ne possède pas le talent de son père, il s'illustre comme lui dans des films de genre (la série des Wolfman, Inner sanctum, etc…), notamment pour Universal (voir précision supra).
A titre personnel, je n'ai pas encore eu l'opportunité de voir The hunchback of Notre-Dame version 1923. J'ai visionné le somptueux remake orchestré par William Dieterle en 1939, ce qui permet de se faire une idée de l'original. J'ai également pu admirer la puissance du jeu de Chaney dans The phantom of the opera (1925) et The unknown (1927), deux oeuvres fascinantes à découvrir absolument.
En 1974, la société américaine Lincoln conçoit la première figurine articulée à l'effigie de Lon Chaney, un demi-siècle après la sortie de The hunchback. Il faut ensuite patienter jusqu'aux années 2000 pour voir apparaître de nouveaux produits. Notre Bossu fait partie des derniers modèles 12'' créés par Sideshow pour la licence Universal monsters. La version couleur est commercialisée à 2 000 exemplaires, un tirage relativement bas pour cette gamme. Pour rappel, le film fut tourné en noir et blanc. Il n'existe ni pellicule teintée d'époque ni photos de plateau en couleur. Dans ces conditions, j'ignore comment le fabricant a arrêté ses choix (cape violette, manteau vert...). Il s'agit sans doute d'une interprétation "libre". Afin de satisfaire les puristes, Sideshow propose également un Bossu "silver screen" (noir et blanc) en édition ultra-limitée (500 exemplaires), ce type de peinture ayant la réputation de se vendre moins bien.
The hunchback n'est pas la figurine la plus réussie de la série. La sculpture ne rend pas justice à la complexité du maquillage ni à l'expression exaltée du comédien. Elle échoue également à restituer l'aspect broussailleux des cheveux. Les collectionneurs de la licence Universal monsters devront toutefois s'en contenter. En effet, il s'agit du seul mannequin 1/6ème disponible à ce jour. Il est fourni avec un couronne, un sceptre, une cape en tissu (motifs fleur de lys), sans oublier un socle siglé "The hunchback...".
Le jouet est conditionné dans une boîte à fenêtre à rabat, une présentation plutôt luxueuse pour l'époque. Le cartonnage glacé met en valeur la sublime affiche originale (photo 4), à comparer à la pauvreté de certains visuels d'aujourd'hui et avant la disparition programmée de ce support, victime de la diffusion dématérialisée. Au dos du packaging, on peut admirer quelques photos issues du tournage (photo 5).
L'exemplaire présenté est scellé et en parfait état.
Cet article fera l'objet de prochaines mises à jour.
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