INTRODUCTION SPACE 1999
Gerry Anderson (1929-2012) est un producteur et scénariste anglais féru de science-fiction. Au cours des années 60, il se fait connaître grâce à des séries originales, plutôt destiné aux enfants, à base de marionnettes et d’engins futuristes ultra-réalistes. Le succès est tel qu’il se retrouve un temps enfermé dans ce type de format (Supercar, Thunderbirds, Captain Scarlett…).
Très vite, l’industrie du jouet britannique (on ne parle pas encore de « produits dérivés ») s’intéresse aux programmes conçus par Anderson. Dès 1964, à une époque où c’était encore peu fréquent, des figurines et des vaisseaux inspirés de Supercar ou Fireball XL5 sont proposés à la vente.
A la toute fin des années 60, Gerry et sa femme Sylvia Anderson s’orientent vers des tournages en plateau avec des acteurs. Leur première production est destinée au cinéma : il s’agit de Journey to the far side of the sun (1969). Hélas, le film déçoit : l’intrigue est assez nébuleuse (une planète jumelle de la Terre apparaît sur la même orbite) et le rythme défaillant. Malgré l’accueil mitigé, le couple recycle de nombreux éléments de décor, ainsi qu’une partie du casting, dans un nouveau projet : la série télévisée UFO (1970 – voir ici). Bien qu’imparfait, ce programme obtient un certain succès. Une seconde saison est envisagée, située cette fois sur la Lune. La production élabore des décors ambitieux. Mais, en fin de compte, les audiences s’effondrent, notamment aux Etats-Unis, et le show est annulé. Afin de ne pas perdre leur investissement, le couple développe un nouveau projet autour d’une base lunaire : Space 1999 (Cosmos 1999 en français).
Même s’il est peu crédible, le pitch de départ se révèle accrocheur. Une explosion de déchets nucléaires survient sur la Lune. Le satellite quitte l’orbite terrestre et dérive dans l’espace. Les habitants de la base lunaire Alpha tentent alors de survivre, confrontés à des périls inédits. A l’instar d’UFO, le programme repose sur l’usage de maquettes futuristes intégrées à des décors miniatures, un savoir-faire hérité du temps des marionnettes et devenu une marque de fabrique. Les producteurs donnent également libre cours à leur imagination en matière de design (mobilier, vêtements…).
La série compte 48 épisodes répartis sur deux saisons. Elle repose sur le duo Martin Landau-Barbara Bain déjà vu dans Mission impossible (également en couple à la ville) auquel s’ajoutent Barry Morse et Catherine Schell. Parmi les acteurs de complément, on croise un nombre impressionnant d’anciennes têtes d’affiche des studios Hammer et Amicus : Joan Collins, Peter Cushing, Sarah Douglas, Judy Geeson, Barbara Kellerman, Margaret Leighton, Christopher Lee, David Prowse (Darth Vader !), Valerie Leon… La plupart des épisodes sont réalisés par des professionnels confirmés, notamment Charles Crichton, Ray Austin, Val Guest ou Peter Medak.
Sous l’impulsion des co-producteurs américains, la seconde saison subit d’importants remaniements, l’objectif étant de privilégier l’action au détriment de la « réflexion ». Outre la narration, les changements affectent le casting, les décors, les costumes, ainsi que la musique. Ce virage « spectaculaire » est généralement décrié par les fans du programme, même si je le trouve personnellement très amusant. Faute d’audience, la série est annulée en 1977, juste avant que Star wars ne relance la mode du space opera.
Cosmos 1999 a bercé la jeunesse des générations nées dans les années 60-70. L’intégrale est disponible en blu-ray en Angleterre et aux Etats-Unis, mais sans sous-titres francophones. Dans notre pays, il faut se contenter du format DVD, un support devenu obsolète. Aucun éditeur national ne semble disposé à exploiter ce programme en HD, ce qui est regrettable.
A sa sortie, la série génère son lot de produits dérivés : figurines (Mattel, Mego), vaisseaux (Dinky Toys notamment)... Au début des années 2000, la marque japonaise Konami relance l’intérêt autour des licences « Silvia/Gerry Anderson » en développant un large assortiment de petits vaisseaux et diorama. En parallèle, la marque britannique Product Enterprise commercialise les premiers Eagles en métal depuis les Dinky Toys des années 70. Cette effervescence soudaine coïncide avec la diffusion du feuilleton sur support numérique.
Par la suite, Space 1999 tombe dans l’oubli jusqu’à l’avènement du fabricant Sixteen 12 qui semble une émanation de l’ancien Product Entreprise. A partir de 2018, la société développe pour la première fois un large éventail des produits dérivés destinés aux collectionneurs exigeants. Ils seront probablement les derniers, vu le désintérêt des nouvelles générations pour la création audiovisuelle, en particulier celle des décennies passées. En 2021, la société Sixteen 12 met un terme à cette série en raison de l’inflation des coûts de production liés à es coffrets.
A découvrir aussi
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 2 autres membres