my kingdom for a toy

Fondée en 1947 au sortir de la guerre, l’entreprise américaine Kenner connaît son apogée dans les années 70-80 en décrochant la licence Star wars. En 1987, le fabricant perd son indépendance. Il est racheté par Tonka, lui-même vendu à Hasbro en 1991. Kenner appartient désormais à un géant de l’industrie du jouet dont la réputation auprès des collectionneurs n’est guère flatteuse : licences mal exploitées, figurines au design bâclé, sans compter la perte d’une partie des archives Star wars… L’entreprise poursuit néanmoins avec succès ses investissements dans le domaine des produits dérivés (Jurassic park, The lost world, les quatre Batman…). Mais la politique de groupe et les restructurations ont raison de la marque qui disparaît en 2000.

Alien est un thème familier pour Kenner. Créateur de la figurine mythique de 1979, le fabricant propose en 1992 une gamme hybride mêlant le deuxième épisode, un projet de dessin animé avorté et des comics fantaisistes. Le résultat se veut moins sombre et anxiogène qu’Alien 3 sorti la même année. Sage décision. Le film de David Fincher est un échec critique et commercial. Depuis, l'oeuvre a été réhabilitée, notamment grâce à la diffusion de l'incroyable version alternative (dite assembly cut).

La franchise se prolonge à l'automne 1997 avec Alien resurrection, réalisé par le français Jean-Pierre Jeunet. A cette occasion, Kenner lance une ligne de jouets basée sur le film. Après le revers subi par Alien 3, le pari est risqué. Hélas, ce nouveau volet déçoit au box-office américain, même si les résultats mondiaux sont satisfaisants. A ce jour, Alien 4 demeure l'épisode le plus faible de la saga, tant sur le plan du scénario que de la mise en scène. En toute logique, la gamme lancée par Kenner subit le même sort que le film : ventes faibles, distribution réduite... Impossible de se procurer les figurines en France. Seule solution en 1997 : l'import à des prix prohibitifs...

Aujourd'hui encore, les collectionneurs dédaignent le merchandising d'Alien 4, ce qui me paraît injuste. Une réhabilitation s'impose. Pour l'une de ses dernières créations, Kenner a en effet réalisé un travail de qualité, pour ne pas dire précurseur. Renonçant à son traditionnel format 3 3/4, l'entreprise a opté pour une échelle proche du 8'', soit l'équivalent des figurines NECA actuelles. Le design des jouets reste sobre, loin des délires de la gamme Aliens. Les concepts du film sont respectés, y compris l'aspect dérangeant de certaines créatures, ce qui est plutôt inhabituel pour l'époque. Le soin apporté à l'emballage surprend également : il s'efforce de reconstituer l'ambiance visuelle et les décors du film, à travers le choix des formes et des couleurs (dominante verte). La série Alien 4 contient en germe les orientations futures de l'industrie du jouet, c'est-à-dire des créations "sérieuses" destinées aux collectionneurs adultes.

Vous trouverez dans le tableau ci-dessous la liste complète des figurines Kenner relatives à Alien 4. Certaines, notamment les variantes réservées au marché japonais, sont extrêmement rares. Au niveau des humains, seules Sigourney Weaver (Ripley) et Wynona Rider (Call) ont eu droit à leur figurine.

1) WARRIOR ALIEN (version marron standard)

La figurine du Warrior Alien (« Guerrier Alien ») surprend par sa ressemblance avec la créature vue dans le film, à une époque où ce critère n’était pas la priorité des fabricants. La sculpture manque évidemment de finesse en comparaison des standards actuels. On peut également constater quelques erreurs, notamment dans les proportions du monstre (bras trop longs, jambes raccourcies). Mais, pour un jouet conçu en 1997, le résultat s’avère remarquable, d’autant que la gamme n’était pas destinée aux adultes, un marché alors inexistant. Le point faible du produit réside dans ses articulations. Il faut se contenter de cinq éléments (épaules, cuisses et cou), ce qui limite sérieusement la mobilité. Afin de diminuer la taille du packaging, les tubes dorsaux sont rangés à part. Ils doivent être insérés après déballage de la figurine.

Au niveau de la peinture, Kenner respecte là-encore les partis-pris esthétiques du film, soit une créature marron clair au dôme étincelant, malgré un reflet turquoise superflu. Bien que sortis plus récemment, les jouets MacFarlane et NECA ne font guère mieux en matière de coloration.

Comme indiqué en introduction, le packaging se distingue par son apparence luxueuse, bien loin du traditionnel blister (bulle sur carte), format généralement utilisé à l’époque. Sur les côtés, les motifs découpés créent un jeu de lumière avec le rhodoïd, rappelant un décor de station spatiale ou de vaisseau. La teinte à dominante verte s’inspire du code couleur utilisé pour l’affiche originale et les documents promotionnels. Au dos de la boîte, on retrouve la gamme des six figurines 8’’. Les autres références sont absentes, de même que les variantes.

Comme indiqué en introduction, Kenner commercialise plusieurs repaints de cette figurine, notamment à destination du marché japonais. Notre exemplaire marron correspond au modèle standard, le plus facile à se procurer.

2) AQUA ALIEN

Contrairement au Warrior Alien, la version « Aqua » ne brille pas par sa ressemblance avec la créature vue dans le film. La figurine s’inspire d’une séquence dans laquelle les Aliens nagent sous l’eau. En toute logique, Kenner devrait se contenter de peindre son Warrior en bleu, histoire d’évoquer l’élément liquide. L’opération aurait le mérite d’être très rentable sur le plan économique. Malheureusement, le fabricant ne s’arrête pas là. Il imagine un tout nouveau monstre « adapté » au milieu aquatique : mains palmées, double paire d’ailerons sur les bras, nageoire caudale… Le résultat est catastrophique. Il nous rappelle que Kenner est déjà responsable de la triste gamme Aliens sortie en 1992… A l’instar du Warrior, les articulations du jouet sont limitées (épaules, cuisses et cou). Afin de diminuer la taille du packaging, les tubes dorsaux sont rangés à part. Ils doivent être insérés après déballage de la figurine.

Comme indiqué en introduction, le packaging se distingue par son apparence luxueuse, bien loin du traditionnel blister (bulle sur carte), format généralement utilisé à l’époque. Sur les côtés, les motifs découpés créent un jeu de lumière avec le rhodoïd, rappelant un décor de station spatiale ou de vaisseau. La teinte à dominante verte renvoie au code couleur utilisé pour l’affiche originale et les documents promotionnels. Au dos de la boîte, on retrouve la gamme des six figurines 8’’. Les autres références sont absentes, de même que les variantes.

Un accessoire est joint à la figurine. Il s’agit d’une miniature du Betty, le vaisseau utilisé par les pirates. Les rayures de la carlingue sont exagérées, les couleurs fantaisistes. Mais, bien qu’imparfait, ce petit jouet demeure la seule reproduction du Betty jusqu’en 2019, année de sortie d’un modèle chez d’Eaglemoss (voir ici).

3) ALIEN OFFSPRING

Lors d'une séquence mémorable, Ripley (irremplaçable Sigourney Weaver) pénètre dans un laboratoire où elle découvre sept dépouilles de clones mort-nés, conservées dans des cylindres en verre ; une vision particulièrement perturbante.

Kenner s'est inspiré de cette scène pour concevoir une boîte au format cylindrique. A l'intérieur, on trouve un foetus de reine Alien. Quand on y réfléchit, c'est plutôt audacieux pour un fabricant "mainstream". Kenner n'a toutefois pas osé reproduire un des clones du film. La queue du jouet est "bendable" (souple). Les bras et les jambes sont articulés, même si ça ne sert pas à grand-chose.

Sur la face extérieure du packaging, une partie de la gamme est présentée, soit 6 figurines. Curieusement, la seconde boîte cylindre contenant le Face hugger n'est pas mentionnée.

Ce format "tube" sera ensuite réutilisé par Hasbro pour les licences Star wars ou La planète des singes.

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