my kingdom for a toy

The Mandalorian est la première série télévisée Star wars produite sous l’ère Disney. Développée par Jon Favreau et David Filoni, le programme constitue une réussite inattendue, du moins en ce qui concerne les deux premières saisons, parvenant à réunir aussi bien les fans de la première heure, désormais cinquantenaire, qu’un public plus jeune, parfois étranger à cet univers. Sur le plan chronologique, l’histoire se déroule quelques années après les évènements vus dans The return of the Jedi. Elle est bâtie autour d’un héros inédit : un chasseur de prime appelé Din Djarin, alias The Mandalorian. Au cours d’une mission, ce dernier croise la route d’un être aussi touchant qu’inattendu…. Je n’en dirai pas plus afin de ne pas « spoiler » l’intrigue. La série est commercialisée sur support physique début 2024, un évènement quand on sait la frilosité des plates-formes à ce sujet. Résultat, les coffrets sont en rupture de stock dès la phase des précommandes.

Depuis les années 90, le cinéma échoue à perpétuer l’héritage de la trilogie originelle. Après une prélogie calamiteuse (1999-2005) et une postlogie indigne (2015-2019), les fans lucides perdent espoir devant cette déroute créative. Beaucoup s’accrochent à Rogue one (2016), film pourtant froid au scénario bancal. Hollywood se montre incapable d’entretenir l’ « esprit » de la saga, mélange de merveilleux, de noirceur et de légèreté, emballé avec un savoir-faire technique et artistique irréprochable, dont l’efficacité a marqué plusieurs générations.

Contre toute attente, le « salut » de la marque Star wars vient de la télévision avec la mise en chantier de plusieurs séries à l’intérêt inégal, mais néanmoins supérieur à tout ce qui a été produit jusque-là. Je ne vais pas me lancer dans une analyse du Mandalorian, si ce n’est pour souligner la conclusion miraculeusement habile de la saison 2. L’intérêt du programme repose autant sur le scénario que sur le soin apporté aux effets spéciaux, notamment grâce à un studio de tournage innovant, sans oublier décors, costumes et maquillages truffés d’hommages aux six premiers films, le tout soutenu par l’étonnante partition musicale de Ludwig Göransson.

Sans doute dépassés par le succès planétaire de la série, les scénaristes n’ont visiblement pas anticipé la suite du récit, livrant dans l’urgence une troisième saison incohérente et dépourvue d’enjeux. Souhaitons que la saison 4 retrouve l’inspiration !…

Pour mémoire, Hasbro rachète l’entreprise Tonka en 1991. A l’époque, cette dernière détient Kenner, le fabricant historique des figurines Star wars. Le géant américain récupère alors les précieuses archives de la marque qu’il va « exploiter » (et détruire...) pour élaborer les moules de ses produits. Dans les faits, le merchandising ne reprend véritablement qu’en 1999 avec la sortie de The phantom menace, le premier épisode de la prélogie réalisé par George Lucas. Les figurines et la vaisseaux commercialisés pour ce film reprennent le format 3 75’’ inauguré par Kenner en 1977. Depuis, le fabricant poursuit cette gamme, tout en développant périodiquement d’autres échelles (Black series 6’’, mannequins 12’’…).

Au fil des ans, Hasbro accumule les chartes graphiques, mais aucune ne parvient à s’imposer, la majorité étant peu inspirées. L’année 2010 marque le lancement de la série « The vintage collection » dont le design se veut un « hommage » aux cartes créées en 1977. En réalité, il s’agit d’une copie pure et simple. En place depuis treize ans, cette gamme s’est rapidement imposé avec une insolente évidence, comme si la période 1985-2009 n’avait jamais existé ! La charte graphique « vintage » couvre désormais l’ensemble des films de la saga, mais également les séries, dessins animés, jeux vidéo et Expanded universe. Quelle victoire posthume pour Kenner ! Hasbro n’est jamais parvenu à faire oublier l’impeccable design des cartes originelles. J’ignore précisément qui est à l’initiative du visuel (le sait-on vraiment ?). En tout cas, il s’agit d’une réussite absolue en matière de design industriel, bien supérieure aux références pompeuses qu’on cite habituellement en matière de décoration ou d’architecture !

Hasbro pousse le mimétisme avec les produits Kenner en développant une gamme de vaisseaux et playsets compatibles avec les figurines 3 75’’, comme ce fut le cas entre 1977 et 1985. Cependant, avec la hausse des coûts de production, le fabricant se montre plus frileux que son prédécesseur. Pour ses projets les plus ambitieux, il a ainsi recours aux précommandes, voire au financement participatif (dit crowdfunding) via sa plate-forme Haslab. L’accès à cette dernière est d’ailleurs étendu à l’Europe depuis 2022, il était temps !… Ces pratiques aboutissent parfois à sous-estimer de façon criante la demande, comme avec le Razor Crest ou le Palais de Jabba (version épilogue du Mandalorian saison 2), des produits qui se vendent désormais sur le marché parallèle à des tarifs hallucinants ! D’où la frustration légitime de nombreux collectionneurs qui n’ont pu se procurer ces produits à temps, notamment en Europe...

La charte graphique des emballages reprend là-encore le design adopté par Kenner en 1977, soit un cartonnage noir dépourvu de rhodoïd. A l’époque, le fabricant estime que la vision du produit pourrait décevoir, certaines références se résumant à quelques morceaux de plastique et de carton. Elle est donc remplacée par des photos à l’attrait irrésistible mettant en scène les jouets dans des scènes inspirées des films. Cinquante ans après sa mise en place, cette idée marketing brillante fonctionne toujours aussi bien. Sur les deux faces principales, les illustrations sont bordées par un liseré argenté qui s’étend au titre de la série.

Les références présentées ci-dessous sont classées dans l’ordre chronologique de leur commercialisation.

IMPERIAL TROOP TRANSPORT (2020)

L’« Imperial troop transport » est le deuxième engin issu de la série The mandalorian à être commercialisé par Hasbro après l’AT-ST. Il apparaît dans l’épisode 7 de la saison 1 intitulé « The reckoning ». Son design s’inspire à l’évidence du fameux jouet éponyme conçu par Kenner en 1977. A l’époque, il s’agissait du premier produit dérivé sous licence Star wars « inventé » par le fabricant, une « curiosité » dont l’origine demeure assez floue. D’après les renseignements glanés sur internet (sur www.banthaskull.com notamment), Kenner aurait voulu associer Ozen sound company, une société partenaire spécialisée dans les systèmes vocaux (poupées notamment), à sa gamme Star wars. Il fallait donc imaginer un jouet susceptible de recevoir ce type d’effets. Le bureau d’étude aurait alors accouché d’un prototype de transport de troupe. Lucasfilm, par l’intermédiaire de Joe Johnson, aurait corrigé la silhouette de l’engin, aboutissant à la version telle qu’on la connait.

Après sa réédition sous emballage « Empire strikes back » en 1980, l’Imperial troop transport disparaît logiquement du paysage Star wars jusqu’à sa « résurrection » vers 2015 dans la série animée et les comics Rebels, des œuvres imaginées entre-autres par un certain David Filoni. Ce dernier et Jon Favreau, les créateurs du Mandalorian, sont à l’évidence des fans de la trilogie originale, mais également des produits dérivés liés à celle-ci. D’où l’idée de « donner vie » au jouet conçu par Kenner, tout en modernisant son design pour l’adapter à une série « live ». Ce clin d’oeil à destination des collectionneurs ne passe pas inaperçu, clôturant une sorte de va-et-vient créatif assez inhabituel entre le cinéma et l’industrie du jouet.

La boîte mise à ma disposition est scellée. Je ne pourrai donc pas vous en dévoiler le contenu. L’illustration figurant sur les deux face principales met en scène l’engin au milieu d’une vaste plaine aride. Curieusement, Hasbro n’utilise pas la séquence de l’assaut sur la Cantina auquel le transporteur de troupes est généralement associé. A l’arrière-plan, on aperçoit le chasseur Tie de Moff Gideon, écrasé au sol, un mini-spoiler pour ceux qui n’auraient pas vu le final de la saison 1. Sur les côtés, cinq illustrations supplémentaires détaillent l’habitacle, la disposition possible des soldats, ainsi que diverses fonctionnalités (partie ouvrantes, canon rotatif…).

 

 

NEVARRO CANTINA (2022)

La boîte mise à ma disposition est scellée. Je ne pourrai donc pas vous présenter le contenu. Sachez néanmoins qu’on y trouve une partie du bar (mur extérieur, porte, comptoir, chaises, boissons, une planche de stickers…), ainsi qu’une figurine sous blister inédite (Imperial death trooper – référence VC220). Ce personnage est également disponible à l’unité en version « carbonized » (peinture métallisée – voir ici), ainsi que dans un pack spécial de quatre soldats.

Hasbro s’inspire ici d’une pratique initiée par Kenner au cours de la période 1977-85 consistant à joindre une « prime » à certains vaisseaux ou playsets dans le cadre d’opérations publicitaires ponctuelles. Les figurines ou accessoires « offerts » étaient généralement conditionnés sous emballage de type « baggies » (voir notamment ici). Il s’agissait de personnages déjà distribués à l’unité, jamais d’exclusivités. Hasbro reprend donc l’idée, tout en la rendant plus attractive (ajout systématique, caractère exclusif).

Cet article fera l'objet de mises à jour prochaines.