SPECIES (1998-2018) MAJ en bleu au 31/01/2021 avec Eve Threezero
Species (La mutante en français) sort sur les écrans en 1995. Son réalisateur, Roger Donaldson, est connu pour avoir abordé, souvent avec succès, de nombreux genres cinématographiques. A la manière des séries B fantastiques des années 50 ou 70, le film part d'un postulat brillant mais déçoit par ses personnages caricaturaux et ses dialogues ineptes. L'ensemble dégage cependant une sympathie et une sincérité qui emporte l'adhésion.
Le scénario s'empare d'un fait réel : le programme Voyager. En 1977, la NASA expédie deux sondes dans l'espace. Après avoir survolé plusieurs planètes, elles ont maintenant quitté le système solaire. Ces engins contiennent un message, ainsi que certains détails sur notre planète. Dans le film, ces informations sont interceptées par une civilsation extra-terrestre inconnue. En retour, celle-ci offre du matériel génétique destiné à être combiné à l'ADN humain. Dans une base militaire, une enfant d'apparence inoffensive naît de cette expérimentation. Elle s'appelle EVE (alias SIL). Effrayé par ses capacités, les responsables décident finalement de l'éliminer. La jeune fille s'évade et se retrouve traquée par un groupe de mercenaires. Mais une mutation s'opère, transformant EVE en une dangereuse menace pour l'humanité...
Le célèbre artiste autrichien HR Giger, créateur du premier Alien et du Derelict ship, est sollicité pour concevoir l'apparence de cette nouvelle créature. Le résultat, comme d'habitude fascinant, repose sur un mélange de métal et d'éléments organique, combiné avec une dimension ultra-sexuée. Outre le design, Giger illustre également les cauchemars d'EVE. Mais beaucoup d'idées, souvent audacieuses, sont écartées par l'équipe du film. De plus, l'utilisation d'images de synthèse, encore au stade des prémices, laisse à désirer.
Quant au casting, il surprend par sa qualité : Ben Kingsley, Mickaël Madsen, Alfred Molina, Forest Whitaker... Mais ces comédiens talentueux doivent se débattre avec des personnages falots et des répliques souvent risibles. Le rôle principal est confié à une inconnue, ancien mannequin, Natasha Henstridge. Cette dernière réussit néanmoins une prestation remarquable, mélange de séduction primale et de menace latente.
Ayant réalisé un excellent score au box-office, le film donne lieu à trois suite, dont deux direct-to-video, sans le moindre intérêt.
1) SPECIES MCFARLANE (1998) version "seins couverts"
La société McFarlane Toys contribue de façon décisive à la naissance du secteur des produits dérivés à destination des collectionneurs, notamment les adultes. Elle tire son nom de son créateur, le dessinateur Todd McFarlane. Après avoir travaillé chez Marvel, l’artiste lance sa propre maison d’édition de comics (le personnage de Spawn). Puis, en 1996, il développe une filiale destinée à produire des figurines, l’objectif étant de s’affranchir des codes de l’industrie du jouet traditionnelle.
Après avoir démarré avec quelques licences (le film X-files notamment), McFarlane Toys s'intéresse aux classiques de l'horreur des années 70-80, un domaine jusque-là inexploité : en 1998, la série des "movie maniacs" bouscule le marché par sa fidélité aux oeuvres originales, ainsi que par ses détails dérangeants et ultra-réalistes (sang, nudité...). Peut-on vendre des jouets issus de Vendredi 13 ou Massacre à la tronçonneuse ? McFarlane est le premier à répondre oui et les consommateurs lui donnent raison !
En 1998, la sortie au cinéma de Species 2 coïncide avec la naissance de la gamme "movie maniacs". C'est donc en toute logique qu'EVE et Patrick, l'autre alien du film, intègrent la première vague de personnages proposés. La figurine d'EVE est commercialisée sous deux formes : une version "grand public" (seins couverts - notre exemplaire) et une version "adulte" (seins dénudés). La première est distribuée dans les grandes chaînes de magasins de jouets. La seconde est réservée aux boutiques spécialisées où la nudité est jugée plus "acceptable", particulièrement aux Etats-Unis.
Même si les techniques de sculpture ont évolué, la figurine conçue par McFarlane conserve toujours un certain attrait. Elle dispose de nombreux points d'articulations, ce qui n'est pas forcément le cas du reste de la gamme. Derrière le jouet, un cadre formé d'os humains contient une reproduction de l'affiche originale du film. Cet accessoire volumineux, joint aux premières vagues de figurines "movie maniacs", s'avère plutôt inutile. Au dos du packaging, on trouve les cinq références de la série 1 : Freddy Kruger (Nightmare on Elm street), Jason (Friday the 13th), Leatherface (The Texas chainsaw massacre), EVE (Species 1 et 2) et Patrick (Species 2). On trouve également des publicités pour Spawn, ainsi que pour des figurines inspirées de Kiss. Les langues de la boîte sont l'anglais, l'espagnol et le français.
Le blister présenté est en excellent état. Son rhodoïd finit par jaunir même s'il est conservé à l'abri de la lumière. A sa sortie, il était extrêmement difficile de se procurer ce jouet en France, internet n'existant pas. Aujourd'hui, cette figurine ne suscite plus aucun intérêt, malgré son importance dans l'histoire des produits dérivés. On peut facilement l'acquérir pour un montant très raisonnable, assez proche du prix d'origine. La faute sans doute à un film agréable mais inégal, désormais tombé dans l'oubli...
2) SIL THREEZERO (2018)
Entre 2015 et 2018, l'entreprise honk-kongaise Threezero développe une gamme de figurines 12'' inspirée de films d'horreur contemporains souvent obscurs (Halloween 5, Frankenstein (version Paul McGuigan), Species...). Si le projet est louable d'un point de vue cinéphilique, le potentiel commercial des licences choisies s'avère trés limité. En toute logique, la série s'interrompt rapidement.
Cette figurine de SIL est directement issue du long métrage de 1995 (celle de McFarlane provenait de Species 2). Il s'agit de la seule version 1/6ème disponible à ce jour. Les photos du prototype conçu par Threezero semblaient très prometteuses, faisant honneur à la créature imaginée par l'artiste autrichien Giger. Hélas, le produit fini n'est pas à la hauteur des attentes, plombé par des choix créatifs contestables et des défauts de fabrication.
Dépourvue de carton brun de protection, la boîte est enveloppée dans un plastique transparent fermé par un ruban de scotch (photo 1). Le packaging surprend par ses dimensions inhabituelles, près du double du format standard. Ce volume hors norme apparaît cependant inutile. En effet, la figurine est fournie avec un socle, une tige et des "soutien-talons". Pas de quoi justifier une telle boîte... Un habillage noir mat recouvre le cartonnage épais et solide. La face avant reprend l'une des affiches officielles du film, à savoir un portrait de SIL en gestation (photo 2). Ce visuel suggère de manière habile la dichotomie des ADN humain et extra-terrestre. Le slogan d'époque était "Our time is up" ("Notre temps est compté"). Tout un programme... Sur les tranches, on découvre des illustrations typiques du travail de Giger (photo 4).
L'emballage "collector friendly" n'est pas scellé. Il s'ouvre donc sans difficulté. Du côté droit, le panneau est maintenu par une bande aimantée. Une fois soulevée, la couverture bascule vers la gauche à la manière d'un livre (photo 4). A l'intérieur, la figurine est logée dans une épaisse coque en mousse. Compte tenu de la taille de la boîte, la jouet paraît presque petit. Une notice de montage est jointe (photo 9).
Afin de restituer à la fois l'aspect métallique et charnel de la créature, Threezero opte pour une construction plutôt astucieuse. Le corps se compose d'une armature épousant les formes du personnage. Ce mannequin est ensuite recouvert d'une "peau" translucide. Ce procédé permet d'observer l'anatomie de SIL tout en créant une illusion de profondeur. Malheureusement, le fabricant utilise cette membrane pour réaliser un "seamless body". Ce terme anglo-saxon désigne un mannequin dont les articulations sont dissimulées sous un revêtement souple imitant la peau.
Les partisans du "seamless body" soulignent son aspect esthétique et son réalisme accru. A titre personnel, je déplore l'usage de cette technique. En effet, le mouvement répété des articulations conduit nécessairement à une déformation de la "peau", voire une déchirure. De plus, il est impératif d'utiliser un matériau très souple (caoutchouc ou plastique très fin). Or, celui-ci se dégrade généralement assez vite en raison de son instabilité chimique. Le jouet doit donc être manipulé avec précaution, ce qui est plutôt contrariant s'agissant d'une figurine articulée. Sur notre exemplaire, on constate déjà des problèmes alors qu'il est neuf. Au niveau de la partie supérieure des cuisses, le revêtement translucide plisse de façon disgracieuse (photo 8). Ce défaut d'usine ne peut pas être corrigé.
Autre choix créatif déconcernant, les épaules sont surmontées par des empliècements assez rigides (photos 6 et 7), de sorte que la figurine est incapable de lever les bras. Enfin, la couleur du jouet ne correspond pas au personnage du film. En effet, SIL "version alien" possède un épiderme gris-vert métallique. Or, le fabricant opte pour un marron translucide. Il n'y a pas la moindre trace de reflets verts contrairement aux photos promotionnelles publiées sur internet (sans doute un prototype).
Bref, vous l'aurez compris, je ne recommande pas l'achat de ce produit, d'autant qu'il est généralement proposé à un prix excessif.
Cet article sera mis à jour à chaque nouvelle entrée.
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