INTRODUCTION
Bien avant Denis Villeneuve (2021), le cinéma s’intéresse à l’adaptation de Dune, un roman de science-fiction publié en 1965 par l’américain Frank Herbert. Cette oeuvre littéraire au succès retentissant s’inscrit dans une saga plus large intitulée le "Cycle de Dune". Dans un univers futuriste, elle décrit l’affrontement autour du commerce de l’"épice", une mystérieuse substance aux propriétés extraordinaires.
En 1971, le producteur Arthur P. Jacobs, déjà à l’origine de l’adaptation de La planète des singes (1968), acquiert les droits du livre. Mais le projet s’enlise : décès d’Arthur Jacobs, rachat du contrat, mise en chantier avortée (Alejandro Jodorowsky), difficultés financières… En 1981, le flamboyant producteur italien Dino De Laurentiis (Death wish, Mandingo, Three days of the Condor, King Kong, Orca, Flash Gordon, Ragtime, Halloween 2, Amityville 2, Conan the barbarian, Dead zone…) reprend la main. Il confie l’écriture du script à Frank Herbert, puis à Ridley Scott. Tous deux finissent par renoncer. De Laurentiis choisit alors David Lynch, jeune cinéaste en vogue porté par le succès d’Elephant man (1981). Le projet, aussi complexe qu’ambitieux, bénéficie d’un budget sans précédent pour l’époque : 40 millions de dollars. Lynch retravaille le scénario avant d’enchaîner sur un tournage long et difficile, tant sur le plan humain que logistique. Il réunit un casting hétéroclite constitué de débutants et d’acteurs confirmés : Kyle MacLachlan (dans son premier rôle), Francesca Annis, Brad Dourif, José Ferrer, Everett McGill, Kenneth McMillan , Patrick Stewart, Dean Stockwell, Sean Young, ainsi que Sting (au sommet de sa gloire musicale) et Silvana Mangano.
Au début des années 80, tous les producteurs rêvent de mettre en chantier le « nouveau Star wars ». La mode est aux « space operas ». Dans ce contexte, Dune apparaît comme un matériau idéal. Mais la complexité du récit est difficilement conciliable avec les exigences d’un blockbuster classique. Très vite, David Lynch est privé du final cut. Le long métrage est raccourci, l’intrigue simplifiée ; certaines scènes sont retournées. Ces atermoiements affaiblissent le projet. A sa sortie, Dune est un désastre commercial. Loin de l’épopée attendue, le film désarçonne les jeunes spectateurs par son mélange inhabituel de sérieux et de séquences décalées, voire carrément dérangeantes. Les fidèles du roman n’y trouvent pas non plus leur compte, furieux des libertés prises avec l’ouvrage original (que je n’ai jamais lu).
David Lynch était-il le candidat idéal pour réaliser ce film ? Probablement pas. L’univers du cinéaste s’accorde mal avec les contraintes des studios. Capable du pire (Inland Empire) comme du meilleur (Mulholland drive), l’oeuvre de Lynch s’articule généralement autour de personnages marginaux entraînés dans des histoires parfois absconses, le tout dans une ambiance visuelle et sonore déconcertante. Son style inimitable énerve ou fascine, mais ne laisse personne indifférent. Hélas, ce réalisateur talentueux et iconoclaste semble s’être définitivement retiré de la production cinématographique…
Depuis 1984, Dune a fait l’objet d’une large réhabilitation. Le long métrage possède désormais de nombreux fans à travers le monde qui préfèrent cette version à celle plus « aseptisée » et froide signée Denis Villeneuve.
Au niveau du merchandising, l’industrie du jouet est à la recherche de nouvelles licences capables de succéder à Star wars, alors en perte de vitesse. Après avoir triomphé avec sa gamme consacrée à E.T. l’extra-terrestre (Steven Spielberg), la société américaine LJN acquiert les droits de Dune. Pour accompagner la sortie en salles, le fabricant développe une large gamme de personnages et de vaisseaux. Malheureusement, l’échec commercial du film entraîne celui des jouets.
Depuis, mis à part une figurine du baron Harkonnen (Sota Toys – 2006), aucun fabricant ne s’est risqué à exploiter cette licence jugée ancienne et « confidentielle ». Il est vrai que la demande semble relativement faible, même de la part des collectionneurs avertis. En 2021, l’engouement suscité par la nouvelle adaptation de Dune aurait pu faire évoluer la situation, mais il n’en est rien. Je crains que nous devions nous contenter longtemps de la gamme LJN...
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