my kingdom for a toy

Starship troopers sort sur les écrans en 1997. Il s'agit d'un film de science-fiction librement inspiré d'un roman de Robert A Heinlein. Le scenario imagine une société militarisée subissant une soudaine invasion extra-terrestre. On suit le parcours "initiatique" de plusieurs jeunes recrues, de leur entraînement martial à l'épreuve du feu contre les créatures...

Avec une intrigue aussi basique, on s'attend à un blockbuster sans relief. Mais la personnalité iconoclaste du réalisateur Paul Verhoeven, placé à la tête du projet, fait la différence. L'homme traverse un passage à vide après l'échec de son dernier film Showgirls. Il reste néanmoins auréolé de ses succès en matière de science-fiction : Robocop en 1987 et Total recall en 1990. Comme à son habitude, le cinéaste d'origine hollandaise imprime sa marque subversive sur le film. Il décrit avec beaucoup d'ironie l'embrigadement des esprits à travers le portrait de soldats sincères mais stupides, prêts à servir de chair à canon sans se poser de question. Paul Verhoeven sollicite de jeunes comédiens peu connus, principalement issus de séries télévisées insipides, et qui ne feront jamais carrière ensuite (Casper Van Dien, Dina Meyer, Jake Busey, Denise Richards...). Les intrigues amoureuses liant les personnages sont dignes de ces mêmes séries, accusées d'entretenir l'image d'une jeunesse décérébrée. Enfin, l'ensemble baigne dans une violence exacerbée dont le réalisateur est friand.

Avec ses héros peu attachants et ses créatures sorties du bestiaire hollywoodien des années 50, Starship troopers déconcerte les spectateurs. Malgré des scènes d'action virtuoses et des effets spéciaux exceptionnels, ce brillant divertissement teinté d'ironie peine à convaincre. Il rentre difficilement dans ses frais. Avec le temps, le film finit par devenir "culte". Il génère plusieurs "direct to video", hélas bien d'égaler l'original.

Vendu au départ comme un blockbuster, le projet suscite l'intérêt du fabricant américain Galoob Toys. Fondée en 1954, l'entreprise est rachetée en 1998 par Hasbro. Sa marque la plus connue est "micro-machines", un concept associant de minuscules figurines (deux centimètres environ) à des engins à l'échelle. Elle concerne principalement le domaine des jouets militaires mais également certaines licences comme Star wars, Alien (voir ici) ou Terminator (voir ici).

Outre ses micro-machines, Galoob conçoit pour Starship troopers un assortiment de figurines 6’’, ainsi que des créatures et vaisseaux compatibles. Si ces derniers sont correctement réalisés, la sculpture des personnages illustre le « style » des années 90, à savoir un design fait de muscles, de couleurs criardes et d’accessoires fantaisistes. L’objectif est de séduire les enfants alors que le film est destiné aux adultes, un paradoxe pour le moins déconcertant !… Un an plus tard, McFarlane révolutionne le secteur en proposant les jouets « movie accurate », initiant la vague des produits dérivés « réaliste » qui perdure encore aujourd’hui.

Concernant le packaging, Galoob opte pour une charte graphique rouge sans lien direct avec Starship troopers. Peut-être s’agit-il d’un clin d’oeil involontaire aux débordements sanglants du long métrage ?... La partie supérieure de la carte semble « déchirée » par les mandibules d’un arachnide, prêt à attaquer le personnage. Le dos du blister détaille les caractéristiques supposées de l’uniforme et des accessoires. Il met également en scène l’ensemble des figurines et jouets à cette échelle.

En 1997, la gamme Starship troopers s’écoule avec difficultés, plombée par l’accueil mitigé réservé au film. Elle n’est pas distribuée en France, comme la plupart des produits issus de licences (Stargate, Mars attacks, Men in black...). A l’époque, Internet n’existe pas. Pour se procurer ces articles, les collectionneurs doivent se tourner vers de rares boutiques parisiennes spécialisées qui écoulent leur stock à prix d’or !... Depuis, aucun fabricant ne semble intéressé par la licence, ce qui est évidemment regrettable. Il serait intéressant d’obtenir des figurines de qualité à l’effigie des principaux acteurs, sans parler des nombreuses créatures vues à l’écran.

Dernier développement en date, la société chinoise VTS Toys commercialise en 2022-2023 deux mannequins bootleg 12’’ de Casper Van Dien et Mickael Ironside. Les figurines disposent pour la première fois d’uniformes fidèles au film, de même que de très nombreuses accessoires, dont des cadavres d’arachnides.

1) TOXIC RAIDER ACE LEVY

Dans Starship troopers, Jake Busey incarne le personnage d'Ace, un soldat engagé dans la bataille contre les envahisseurs. La figurine Galoob possède une vague ressemblance avec l'acteur. A l'époque, il fallait s'en contenter, les techniques de sculpture modernes (modélisation 3D, scan des visages...) n'existant pas. Pour le reste, c'est affligeant. Outre un corps excessivement body-buildé, le jouet est affublé d'un accoutrement vert fluorescent, sans oublier des gants et un casque orange. Inutile de préciser que cet uniforme de carnaval n'apparaît pas dans le film. Au niveau des accessoires, on trouve un fusil mitrailleur et un "pulvérisateur d'insecticide" capable de lancer de l'eau. Il s’agit évidemment d’un gadget destiné au jeune public...

Une étiquette orange d'époque est apposée sur le haut de la carte. Elle provient de la chaîne de magasin Toys'r us liquidée en 2018. Elle mentionne un prix de vente de 4,99 $. Ce blister a donc été vendu aux Etats-Unis.

2) BUG THRASHER CARMEN IBANEZ

Denise Richards fait des débuts cinématographiques très remarqués dans le film de Paul Verhoeven. La jeune actrice enchaîne avec quelques succès, mais sa carrière ne décolle pas, malgré une évidente notoriété. Dans Starship troopers, elle incarne l’ambitieuse Carmen Ibanez, pilote surdouée de l’armée mobilisée contre l’envahisseur extra-terrestre.

La figurine semble conçue par le pire des sculpteurs amateurs. Il faut une imagination débordante pour deviner qu’il s’agit de Denise Richards. Pourtant, Galoob nous avait habitué à mieux. La fameuse gamme micro-machines est assez réussie, de même que certaines figurines sorties dans les années 80 (la série The A-team par exemple). Le fabricant s’est peut-être dispensé d’acquérir les droits de reproduction des visages, ce qui expliquerait un tel naufrage. Pire, les proportions du corps sont étranges, avec notamment des jambes interminables. L’uniforme vert n’a aucun rapport avec celui vu dans le film (gris). Au niveau des accessoires, on trouve un fusil mitrailleur, un sac à dos, une machette et un lanceur de roquettes éjectables. Années 90 oblige, il faut bien un gadget pour amuser les enfants, même si le film ne leur est pas destiné !

Carmen Ibanez est le seul protagoniste féminin de cette gamme. L’autre rôle important (interprété par Dina Meyer) n’a pas eu droit à sa représentation en figurine 6’’.

Vous trouverez ci-dessous le blister, ainsi qu’une version loose du jouet, histoire d’admirer les défauts de plus près... Le positionnement absurde des jambes ne permet pas à la figurine de tenir debout, à moins d'utiliser le fusil comme "béquille" !

Cet article fera l'objet de mises à jour prochaines