my kingdom for a toy

Aujourd’hui florissant, le secteur des figurines 12’’ (échelle 1/6ème) revient de loin. Après une première période faste (années 70 et début 80), ce segment décline rapidement au cours des décennies suivantes, au point de devenir le parent pauvre de l’industrie du jouet. Il est victime de la concurrence du format 3 3/4’’ lancé par Kenner en 1977 (Star wars). Ces figurines aux dimensions réduites sont plus faciles à produire et à stocker, d’où des prix de ventes attractifs pour des parents en quête d’économies. Rappelons qu’à cette époque les produits dérivés ne sont pas considérés comme un objet de collection. En 1982, l’entreprise américaine Mego, principal pourvoyeur du marché (Marvel, DC, Buck Rogers, Star Trek, The black hole…), fait faillite. Les autres fabricants se détournent des jouets 12’’, en particulier Kenner, malgré ses succès passés (6 million dollar man, Bionic woman, le premier épisode de Star wars).

A la fin des années 90, la conception des figurines effectue un bond spectaculaire sous l’impulsion de nouveaux créateurs (les fameux « Movie maniacs » de Todd McFarlane - 1998) et de technologies inédites (scan des visages, sculpture digitale...). L’industrie commence à cibler une clientèle d’adolescents et d’adultes. A contrario, le marché du 1/6ème reste atone, l’offre et la qualité n’étant pas au rendez-vous. Pire, certains produits se révèlent plus mal conçus que ceux des années 70, à l’image des mannequins 12’’ du Seigneur des anneaux (Toy Biz et DID).

Début 2000, Sideshow est le premier à relancer le format 1/6ème, notamment sur le thème des monstres Universal. Mais c’est la société honk-kongaise Hot Toys qui révolutionne le secteur, hissant la qualité à des niveaux insoupçonnés : sculpture hyperréaliste (texture de peau, regard expressif...), usage de matières textiles inédites, multiplication des accessoires… Toutes ces innovations ont un coût. Les tarifs explosent. De 50 € en 2000, les prix grimpent à 150 € au milieu de la décennie, puis 200 € vers 2010. Actuellement, les chiffres évoluent entre 180 et 400 € pièce, avec parfois des pointes à 600 € ! Autant dire que ce loisir est devenu un luxe !

En dépit d’une inflation dissuasive, Hot Toys finit par balayer la concurrence tout en suscitant l’émergence d’une kyrielle de PME locales (Chine, Corée du Sud…), dont certaines s’affranchissent des questions de copyright. Les sociétés américaines et européennes désertent le marché, à de rares exceptions près.

En 2012, le fabricant chinois tente une première incursion dans la saga créée par George Lucas : il commercialise une figurine de Luke en tenue « Bespin » (référence DX07). Ce mannequin semble constituer un projet isolé destiné à tester le marché. Au cours des trois années qui suivent, aucune nouvelle annonce n’intervient. En 2015, le rachat par Disney de la franchise Star wars, ainsi que la mise en chantier d’une postlogie, précipite les évènements. Hot Toys entretient déjà une relation privilégiée avec le studio américain. Ce partenariat se traduit par une exploitation à outrance de la licence Marvel, propriété de Disney depuis 2009, quitte à désespérer certains collectionneurs, lassés par le manque de diversité des jouets proposés.

Pour Star wars, l’entreprise honk-kongaise aligne en près d’une décennie (2015-2024) un nombre impressionnant de références. Au départ, la répartition s’effectue de manière à peu près égalitaire entre la trilogie originelle et la postlogie orchestrée par JJ Abrams. Mais les ventes calamiteuses de cette dernière douchent les espoirs du fabricant. Hot Toys se recentre alors sur la période 1977-83 et sur le film Rogue One.

En novembre 2019, Disney lance The Mandalorian, première série télévisée dérivée de l’univers Star wars. Ce programme est destiné à alimenter la chaîne Disney Plus, disponible sur abonnement. D’autres feuilletons suivront : Andor, The book of Boba Fett, Obi-Wan et Ahsoka. Parmi les fans de Star wars, le scepticisme est de mise. Beaucoup ne se sont pas encore « remis » de la postlogie, fiasco artistique et commercial sans appel. Hot Toys semble partager l’opinion générale, annonçant prudamment la sortie de deux figurines : le héros et IG-11. Elles seront suivies par deux autres : Heavy infrantry et Remnant Stormtrooper.

On connaît la suite. The Mandalorian est un triomphe et la demande de produits dérivés explose. A l’instar d’Hasbro, le fabricant chinois est pris de cours. A sa grande surprise, les volumes de production planifiés ne suffisent pas à couvrir les précommandes si bien que les quatre premières figurines sont épuisées avant même leur sortie. Ce phénomène n’avait plus touché les produits Star wars depuis 2015.

Vous trouverez ci-dessous la liste complète des figurines 1/6ème The Mandalorian dans l’ordre chronologique de leur commercialisation :

HEAVY INFANTRY MANDALORIAN (PAZ VIZSLA) (TMS010) (copyright 2020 - sorti en 2021)

Descendant d’une illustre famille de Mandalore évoquée dans Clone wars, Paz Vizsla est une création inédite de la série Disney. Il apparaît pour la première fois dans l’épisode 3 « The Sin », puis dans les deux saisons suivantes, ainsi que dans le spin off The book of Boba Fett. Ce redoutable guerrier appartient aux Children of the watch, le clan de l’Armorer. Il se distingue par son armure massive pourvue d’une imposante mitrailleuse laser. Le cascadeur Tait Fletcher incarne le personnage à l’écran tandis que Jon Favreau lui prête sa voix.

A l’instar de ses toutes premières créations (The Mandalorian (tenue initiale), Remnant Stormtrooper), Hot toys sous-estime la demande mondiale pour les produits issus de la série. La figurine de Paz Vizsla se retrouve ainsi en rupture dès la phase de précommande. Elle atteint ensuite des prix records sur le marché secondaire. Trois ans après, le fabricant réédite le jouet à l’occasion de la saison 3, ajoutant quelques accessoires inédits.

Je ne pourrai pas vous montrer la figurine, car la boîte mise à ma disposition est scellée dans son plastique d’origine. Elle a été livrée sans carton brun d’expédition.

IG-11 (TM IG11) TMS008 (2021)

Dans le film The empire strikes back (1980), Darth Vader convoque cinq chasseurs de primes parmi lesquels un robot appelé IG-88. Malgré sa brève apparition et l’absence de dialogue, ce personnage marque les esprits par son design longiligne à l’aspect faussement primitif. Le jouet commercialisé en 1980 par Kenner contribue également à la popularité du droïd.

Attention spoilers !

En hommage à la trilogie originale, The Mandalorian introduit un modèle alternatif de ce chasseur de primes appelé IG 11. Par rapport à son prédécesseur, ce robot possède des capacités de mouvement inédites rendues possibles par le développement des trucages numériques. Le corps, la tête et les membres tournent ainsi à 360 degrés, générant des fusillades mémorables, sans oublier l’ajout d’un module d’autodestruction. La série tire donc brillamment parti d’un personnage au potentiel a priori limité. Loin d’être un simple figurant, le droïd participe activement à l’intrigue de la saison 1. Après avoir été reprogrammé par Kuiil, il bouleversera les spectateurs par son dévouement, allant jusqu’à se sacrifier pour protéger Grogu et les humains. Ce retournement de situation tout à fait inattendu souligne, s’il en était besoin, la réussite indéniable du programme produit par Disney.

Je ne pourrai pas vous montrer le jouet conçu par Hot Toys, car la boîte mise à ma disposition est scellée. Le carton brun d’expédition porte la référence « TMS008/TM IG11 ».

INCINERATOR STORMTROOPER (TM IST) TMS012 (2021)

Depuis la création de la prélogie en 1999, chaque film ou série semble chercher à marquer les esprits en revisitant l’armure des Stormtroopers dont le design indémodable s’avère un modèle d’accomplissement artistique. En règle générale, toutes ces déclinaisons échouent dans leur tentative de « rafraîchissement », à l’exception notable du Death trooper, finalement très proche de l’original. Dans The Mandalorian, l’Incinerator trooper est assimilable à un « repaint » du Stormtrooper original. Ce soldat semble préposé au maniement du lance-flamme, d’où l’application de motifs de couleur rouge. Objectivement, ces nouveaux éléments décoratifs n’apportent aucune plus-value à l’armure. Cette astuce cosmétique permet néanmoins à tous les fabricants de produits dérivés de commercialiser une variante à moindre coût.

Je ne pourrai pas vous montrer le jouet, car la boîte mise à ma disposition est scellée. Le carton brun d’expédition porte la référence « TMS012/TM IST ».

THE MANDALORIAN AND THE CHILD TMS015 DX (2021)

Ce deuxième mannequin à l’effigie du Mandalorian reproduit la tenue avec armure renforcée, dite « Beskar », forgée par The Armorer au cours de l’épisode 3 (saison 1). Hot Toys ne propose toujours pas ici de reproduction du visage de l’acteur Pedro Pascal. Il faudra attendre l’année suivante et une troisième figurine pour l’obtenir. Hot toys fait évidemment preuve d’un sens des affaires marqué, distillant les suppléments au gré de rééditions plus ou moins déguisées.

Le fabricant propose deux versions de la référence TMS015 : simple et DX (pour Deluxe). Cette dernière compte les accessoires exclusifs suivants : camtono avec éclairage LED, pile de Beskar, effet de tir (à fixer au gantelet gauche), hologramme de l'armure mandalorienne et figurine de Grogu assise dans son berceau.

Je ne pourrai pas vous montrer le jouet, car la boîte mise à ma disposition est scellée dans son plastique d’origine. Elle a été livrée sans carton brun d’expédition.

BOBA FETT deluxe version (TMS034) (copyright 2021 - sorti en 2022)

Attention spoilers !

La série The mandalorian est l’occasion de retrouver un personnage mythique de la franchise Star wars, à savoir Boba Fett ! Ce chasseur de primes apparaît pour la première fois sur les écrans en 1980 dans The empire strikes back. Mystérieux, le visage dissimulé sous un casque, il traque le Faucon millénaire pour le compte de Vader et de Jabba. Il assiste à la congélation carbonique d’Han Solo, séquence qui traumatise toute une génération de jeunes spectateurs...

Dès ses débuts, Boba Fett marque les esprits et devient l’un des « méchants » préférés des enfants. Au début des années 80, la figurine s’arrache. En France, la distribution aléatoire des jouets complique les recherches. Il faut avoir de la chance. Je me souviens d’un copain m’annonçant fièrement qu’il avait trouvé la figurine ! Moi qui habitais à la campagne, j’ai dû attendre une semaine supplémentaire pour obtenir le jouet. Une éternité !… Oui, je parle bien de la carte carrée Meccano de Boba Fett. Je l’ai eu en main, comme de nombreux enfants, et j’ai ouvert le blister pour jouer avec... Les figurines n’étaient pas considérées comme des objets de collection, notamment dans la culture française de l’époque. Personne n’aurait pu imaginer la côte de ces pièces aujourd’hui.

Dans Le retour du Jedi (1983), George Lucas se débarrasse du chasseur de prime de façon expéditive, n’ayant sans doute pas mesuré l’impact de sa création. Je fais partie des nombreux spectateurs de l’époque frustrés par la disparition prématurée de ce « méchant ».

L’équipe en charge du Mandalorian est respectueuse de la trilogie originale, tant sur le fond que sur la forme. On le sait. La différence avec l’embarrassante « postlogie » saute aux yeux. Multipliant les références aux films des années 70 et aux classiques hollywoodiens, John Favreau et David Filoni réalisent le rêve de nombreux fans (parfois soixantenaires) en faisant sortir Boba Fett du gouffre de Sarlac !... La série The book of Boba Fett (2021-2022) opère le lien entre les saisons 2 et 3 du Mandalorian, tout en en apportant des précisions sur l’itinéraire du chasseur de primes.

Hot toys propose ici un duo de figurines 1/6ème inspiré de la première apparition de Boba Fett (épisode 14 - saison 2). L’homme porte sa tenue dite « Tatooine » (vêtements noirs, arme des Tusken raiders). Il vient demander au Mandalorian la restitution de son armure cabossée, ce dernier l’ayant recueillie auprès du Marshall (épisode 1 – saison 2). Le fabricant chinois a la bonne idée de réunir les deux mannequins au sein d’un même coffret (version Tatooine/ version armure usée). Etonnamment, les boutiques spécialisées ont mis près de trois ans à écouler les stocks, en dépit d’opérations promotionnelles régulières. Les raisons de cette contre-performance sont à rechercher du côté du fabricant. Au départ, il a gravement sous-estimé la demande, provoquant l’explosion des prix sur le marché secondaire. Hot Toys a donc voulu se rattraper en multipliant les volumes de production, quitte à frôler l’excès de confiance.

Je ne pourrai pas vous montrer les jouets, car la boîte mise à ma disposition est scellée dans son plastique d’origine. Elle a été livrée sans carton brun d’expédition.

Cet article fera l'objet de prochaines mises à jour.